Propos d'un samedi matin.
Y. N. Hariri, dans son dernier ouvrage, cite l'exemple de ce sage qui, arrivé au terme de sa vie, constate qu'est empreinte de sagesse la préoccupation de venir en aide à autrui. Mais, avait-il ajouté, il ne comprenait pas pourquoi les autres étaient là. Il avait saisi qu'en général les humains sont altruistes en paroles et égoïstes en actes.
Dans un autre passage, il cite le cas d'étudiants en théologie à qui l'on avait indiqué que le cours suivant était annulé.Mais alors qu'ils étaient tous dans la cour, on leur annonça que le cours aurait finalement lieu. Le cours en question traitant du bon samaritain, il s'agissait, pour les enseignants, d'expérimenter le comportement de ces impétrants. Car ces sacripants d'enseignants avaient installé, non loin de la salle et pendant que les étudiants étaient dans la cour, un mendiant gémissant et implorant. Naturellement les étudiants se précipitèrent dans la salle de cour, peu d'entre eux s'arrêtant devant le mendiant!
Il en est ainsi, beaucoup se contentent d'un savoir théorique, pensant que les élucubrations cérébrales sur lesquelles ils se fondent, forment l'humus sur lequel s'épanouit le sens de la vie. Il faut avoir l'illusion d'exister, la réalité de l'existence importe peu. Cela vaut pour les individus comme pour les sociétés. Autant les uns que les autres se fondent sur des "grands récits", mettant en scène le plus souvent des êtres imaginaires, ou au passé recréé. Ensuite, à partir de ces mises en scènes, on crée des rituels supposés souder une société. Toutes les religions se sont bâties ainsi, et les "romans nationaux" ont également une telle fonction. Est-ce bien, est-ce mal? C'est ce qui est et cela ne change pas la nature humaine.
Heureusement qu'il y a toujours quelques hurluberlus qui cherchent à innover. En vue de quoi? On n'en sait rien, l'essentiel étant d'innover. J'ai été bien amusé de lire qu'une des dernières modes aux USA (pas tous les USA, seulement les villes côtières) est la pratique de la "méditation orgasmique". Il s'agit de contempler, en silence, pendant un temps plus ou moins long, ce qu'on appelait du temps de la reine Victoria, les "parties honteuses" de son-sa partenaire et il en résulterait une extase mystique. En voilà une bonne idée pour le confinement; de là à imaginer Biden et Harris s'adonner à ce nouveau culte...mais je m'égare!
Bien plus positif est le projet d'un botaniste, Francis Hallé, de recréer en Alsace et dans le Palatinat, une forêt primaire. Il estime que dans 6 siècles, cela devrait être bon. On change d'échelle, et on se sent rassuré lorsqu'on voit des gens suffisamment optimistes pour penser à des échéances aussi lointaines.
Ceci nous permet de comprendre qu'il faut repenser la dépense publique.
Que vont penser par exemple les contribuables européens de l'achat par Bruxelles de doses de remdésivir pour un montant d'un milliard d'€, médicament dont on vient d'apprendre qu'il ne servait à rien? Tout ça pour contrer Raoult qui affirmait que son protocole pouvait être utile. L'aveuglement idéologique est toujours ce qui précède la chute. Il est vrai qu'en l'espèce, il ne s'agit que d'un tout petit milliard, autant dire rien, à une époque où l'argent, par la grâce de la création monétaire, coule à flot.
Cette gestion de la "pandémie" du covid (qui tue mondialement moins d'une personne sur 300 000) traduit la panique de l'oligarchie mondialisée qui voit lui échapper son pouvoir. On voit se dérouler une illustration parfaite de la théorie dite du "pivot géographique de l'Histoire", où un nouvel ensemble, l'ensemble eurasiatique, est en train de dépouiller un Occident qui s'en était sottement remis à la doctrine US de "full spectrum dominance". La servitude volontaire ne mène jamais à quoi que ce soit de positif.