La loi du plus fort est toujours la meilleure, avait déjà constaté la Fontaine. Comme il y a une inégalité naturelle entre les humains, il y aura toujours des forts et des faibles, des dominants et des dominés. Cela n'est pas un mal, si les dominants sont animés d'une "noble" ambition (favoriser la concorde, la résolution pacifique des conflits), mais c'est un mal si les dominants laissent libre cours à leur avidité, leur rapacité, leur cupidité.
Une certaine vigilance s'impose donc, une société sans un pouvoir qui régule ses excès n'est pas possible. L'utopie actuellement développée dans les milieux néolibéraux, d'un pouvoir remplacé par la "gouvernance" est absurde. Cela revient simplement à transférer le pouvoir aux gérants des fonds d'investissement qui se moquent bien de savoir ce qu'est un bien public. Réguler le mal, à défaut de pouvoir l'empêcher, revient à se préoccuper de la prééminence et de la permanence de biens publics, assurant un relatif bien-être au plus grand nombre. En ce sens, des institutions solides, garantes de l'ordre public sont nécessaires. Laisser le mal se produire, c'est par exemple accepter que se développent des zones de non-droit sans réagir. C'est toute la différence entre une mafia (maléfique) et l'ordre républicain (bénéfique car fondé sur une certaine équanimité).