Comme dirait un élève du bac, "de tous temps, les hommes ont considéré qu'il valait mieux être libre que de vivre sous la contrainte". Certes, mais si l'existence doit se résumer à n'être qu'une manifestation, voire un étalage de solipsisme, cela risque d'être ennuyeux.
Cela reste toutefois l'exception. Et même l'être le plus indifférent à tout finira par rencontrer quelqu'un quelqu'un qui aura su le séduire ou le charmer d'une manière ou d'une autre et qu'il aura alors envie d'imiter. Il voudra alors suivre ce qu'il fait, s'en inspirer pour s'élever à ce qu'est parvenu à être celui qui est devenu de la sorte une source d'autorité pour lui. Il évoluera et deviendra un croyant, un militant, un amateur s'il s'agit d'art, un impétrant d'une manière générale. Il ne considérera plus l'obéissance comme une contrainte, mais comme un moyen rendant possible son émancipation et une sorte de conquête de soi (le soi n'est pas toujours haïssable !). Naturellement, celui qui s'élève ainsi devra rester vigilent et demeurer lucide; car nombreux sont les agitateurs qui ne cherchent qu'à manipuler, qu'à influencer, qu'à soumettre.
Si l'impétrant échoue et finalement abandonne, il aura la satisfaction d'avoir essayé à sortir de ce qu'on appelle de nos jours, sa "zone de confort" (métaphore de la novlangue pour dire insignifiance) et trouvera dans la résignation une voie vers la sagesse. Si par contre il s'obstine, il cultivera sa frustration et s'orientera vers le dogmatisme et le fanatisme, voire le nihilisme.