PHILOUSOPHE
LES CONS
« Il existe une différence fondamentale entre un imbécile et un con : l'imbécile lit France Dimanche, le con écrit dans Ici Paris ( Pierre Desproges) »
Je voudrais commencer par évacuer le double sens de ce mot qui désigne, dans la langue française seulement, à ma connaissance:
- le sexe féminin , le chemin de la naissance de l'humanité, le lieu ou commence et se termine l'innocence, l'endroit dont il est si difficile de sortir au début de la vie et ou il est encore plus difficile d'entrer au crépuscule de l'existence.
- et un jugement de valeur par lequel chacun de nous juge un individu, ses attitudes, ses gestes, ses décisions, ses propos par rapport à ce que chacun de nous pense être intellectuellement, socialement, politiquement, économiquement correct
Est désigné comme con, celui qui se montre stupide, dénué de bon sens, dont l'attitude est inepte.
Si, par exemple, j'explique à un con qu'il est impossible de se rapprocher du soleil, sans être calciné, il me répondra : tu n'as qu'a y aller la nuit !.
En général ( et je connais plus d'un con en Général ), le con est essentiellement celui qui ne pense pas comme moi, qui ne jette pas le même regard sur la société, qui n'utilise pas les mêmes outils, le même langage, les mêmes repères....
à savoir, puisque je suis unique, n'importe qui d'autre que moi.
Avec, bien entendu la corollaire à cette affirmation :
pour n'importe qui d'autre que moi, je suis un con, sauf s'il est suffisamment con pour ne pas s'en rendre compte.
Si la désignation/ définition du con est personnelle, il est toutefois possible de trouver un certain nombre de points sur lesquels existe un consensus:
* * *
On ne peut être et avoir été ? Bien sûr que si. On peut avoir été con et l'être toujours encore.
- Le con est définitivement irrécupérable, son décalage est irréversible.
En répertoriant la quantité de gens qui ne pensent pas comme moi, qui n'appliquent pas à l'existence la même grille de lecture, je ne les qualifie pas tous de cons.
Contrairement à la personne qui peut être éduquée ( bête, imbécile, distrait,) ou soignée ( fou )ou convaincue., et dont l'avis ou l'opinion peuvent être rapprochés des miens (qui, eux, sont parfaitement logiques et intelligents), ou qui, à la rigueur, peut me faire concevoir les choses différemment, le con conservera immuablement sa position.
- Le con est impératif.
Le con sait et affirme sans douter.
Je le sais et je l'affirme.
Le con ordonne à tous d'être de son avis.
Faute de quoi, il les traite de cons.
* * *
Les con ...notations
- Si je vois deux crocodiles dans le Rhin et que je m'exclame :
« tiens! Lacoste fait des Canoës... »., je ne suis pas con, mais stupide au point de pousser l'illogisme jusqu'à l'absurde.
On dira : Quel con ! ....( Vous venez de le penser....)
Quel con , dans cette acception du terme,! aura une connotation méprisante basique.
- Mais si je dis : les Noirs courent plus vite que les Blancs, je serais un sale con, à connotation raciste, jusqu'à ce que j'ai été forcement rattrapé par les Noirs qui courent plus vite que moi et qui m'enverront derechef à l'hôpital en me traitant de petit con.
On peut remarquer à cet égard que mathématiquement, il existe une bizarrerie géométrique propre aux sales cons : un petit con équivaut à un grand con, ce qui n'est ni Euclidien, ni anatomique.
De plus, l'expression « grand con », est souvent paradoxalement amicale.
Bien entendu, qu'il soit gros, grand, petit sale, le con ne correspond pas forcement anatomiquement à sa désignation, contrairement à n'importe quel autre objet.
- A signaler que l'expression « con comme un balais », n'aura pas de connotation raciste, les balais ne représentant pas un frange suffisamment importante de la population, d'autant qu'elle est devenue désuète : dit-on con comme un aspirateur ?
- Si j'aperçois un homme qui se noie et que je lui jette les deux extrémités de la corde pour être certain qu'il en attrapera au moins une, je suis un pauvre con, bien que possesseur d'une corde, ce qui n'est pas dans les moyens financiers de tout le monde.
- Le con peut l'être fondamentalement (lorsque le terme s'applique aux autres ) , ou seulement en apparence : avoir l'air con . ( lorsque j'en suis qualifié personnellement), ou n'être que con sur les bords, ce qui laisse une partie fondamentale de l'être sauvegardée.
* * *
Développements philosophiques :
Le con est-il une oeuvre d'art ?
L'art, qui résulte de la maîtrise de procédés servant à produire consciemment un certain résultat
( la beauté, par exemple) s'oppose à la nature, conçue comme une puissance produisant sans réflexion .
Si le con est une oeuvre d'art, cela suppose qu'il ait été produit consciemment par artifice.
Or qui voudrait produire un con ?
Le con étant comme chacun de nous, le produit de son environnement social ou familial, on peut en déduire qu'il est une oeuvre d'art collective, les médias lui ayant appris qu'il est possible de laver plus blanc que blanc, ses parents qu'il a le droit de regarder la télévision après avoir fait ses devoirs, et les sondages comment voter, acheter, se comporter.
Le con est une ouvre d'art collective qui appartient à ceux qui l'ont faite .
Comment devenir con ?
Le devenir se définit comme le passage d'un état à un autre état, par opposition à l'être immuable et premier.
Si l'on admet ( et c'est généralement le cas quand on est pas con), que l'homme trouve son sens dans le regard de l'autre, désigner des cons est une nécessité qui correspond au besoin non seulement de se justifier intellectuellement, mais encore de se situer dans un groupe, dans l'appartenance à une norme.
Ce besoin peut se manifester par le renoncement à ce que l'on pense fondamentalement être ce qui constitue son propre Moi, en acceptant les comportements du groupe dont on souhaite momentanément ou définitivement faire partie.
Qui n'a jamais hurlé « Allez les Bleus « , ou envoyé l'arbitre dans la pièce la plus réduite de son appartement en lui signalant l'infidélité de son épouse....
Qui n'a jamais dit « qu'il est beau ce petit « ou bien « .... Ahhh, ca va faire six mois qu'il marche.... Il doit être loin maintenant... », devant un être hurlant et rougeâtre, vacillant et vomissant son infâme bouillie sur un pantalon tout neuf ?
Qui n'est jamais devenu con pour se situer dans une structure sociale ou intellectuelle, en développant devant vous, ce genre de sujet, par exemple?
Etre con, est-ce une fin en soi ?
Philosophiquement, la fin en soi est objective, nécessaire, absolue, inconditionnelle ( Kant ) et non une fin subjective, individuelle, par laquelle l'homme tend à atteindre une autre fin plus élevée
L'aveuglement du raisonnement, qui ne se réfère qu'a ses propres critères, mène autant que l'étouffement du raisonnement propre ( voir digression précédente) à une attitude con.
Toutefois cet aveuglement enrichira la personnalité de celui qui s'y enferme.
S'il est humainement possible,
- soit d'accepter d'agrandir le champ des individus que l'on désigne comme étant cons ( bien qu'agrandir le champ soit réservé aux « ploucs »),
- soit d'accepter que l'on peut être encore plus con ,
cette acceptation constitue une fin en soi au sens Kantien du terme.
Peut on comprendre que l'on est con ?
Comprendre, c'est reconnaître la signification d'un objet de pensée, et notamment le symbolisme qu'il véhicule, comme tout langage.
La limite de vision du con est son propre regard.
Il perçoit néanmoins la réaction désapprobatrice d'autrui qu'il refuse d'appréhender objectivement,
- comme le chasseur qui massacre allègrement les petits zoiseaux qui passent ( et qui autrement mangeraient toutes les graines, même bio, du paysan ...et on aurait l'air fin en allant au marché )
- comme l'écolo qui fait le coup de poing contre le chasseur en chaussures de cuir ( les vaches ont une valeur moindre que les zoiseaux ) ou en chaussures de toiles fabriquées par la World Compagnie en Indonésie, par des petits enfants ( qui se situent entre la vache et les zoiseaux ? )
Le con sait qu'il est con, mais il est trop con pour le comprendre.
A-t-on le choix d'être con ?
« L'irrésolution est une espèce de crainte qui, retenant l'âme comme en balance entre plusieurs actions qu'elle peut faire, est cause qu'elle n'en exécute aucune, et ainsi qu'elle a du temps pour choisir avant de se déterminer « Descartes.
Toute personne sait que l'on crée en utilisant un langage ou un outil ou des matériaux et que la plus value de sens, de beauté ou d'usage, apportée à ce que l'on crée, détruit ou pour le moins dénature ce qui a été utilisé.
Le choix entre ne rien faire et réfléchir a ce que les autres pourraient faire à notre place,
pour ne pas ,en transformant les choses, modifier le regard que l'on porte sur elles, est un choix conscient.
Donc, agir est con, puisque déstabilisant de l'être, et ne pas agir l'est également puisque le symbole de ce qui aurait pu être fait reste présent dans l'esprit.
Nous n'avons donc pas de choix d'être con, nous le sommes, même/et surtout en évitant de se déterminer.
Existe -t-il un droit à être con ?
O U I
Les cons sont-ils réels ?
Le réel s'oppose au l'apparent, à l'illusoire, au fictif, au virtuel. Le réel concerne un objet défini, logique et permanent, autonome, existant en dehors de mon champ de connaissance, de conscience ou de pensée, à l'exception du verre de bière de Robert.
Comme mon champ de connaissance est limité ( forcément, puisque je suis con...voir plus haut ...ou lire ce texte ), les cons peuvent exister en dehors de ma conscience ( comme bien d'autres choses d'ailleurs )... sauf le verre de bière de Robert puisqu'il a tout bu.
Le Bouddhisme enseigne comment sortir de soi, contrairement à Freud dont le travail consiste à enseigner comment entrer en soi-même.
Voir agir les cons et se voir agir soi même, constitue la clé motivant la volonté de recevoir l'un ou l'autre de ces enseignements.
Oui, mais si la clé n'est pas réelle comme le verre de bière ?
Elle agit sur moi malgré tout, me fait réfléchir, écrire ce genre de conneries, écouter celles des autres, comme tout ce qui se présente à ma conscience.
Donc les cons existent, même s'ils ne SONT pas. Et l'existant est réel, même s'il n'a pas d'étant.
Sauf pour aller à la pêche.
* * *
« Si les cons volaient tu serais chef d'escadrille «
« S'il y avait un modèle de la connerie, tu serais mètre étalon «
( Michel Audiard )
( Par Bernard)
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L'humour
La tentation est grande de traiter l'humour en se servant des différentes formes sous lesquelles il se manifeste, de comparer les sens que l'on donne à ce mot, au delà de sa définition littéraire
et non philosophique ( dégager les aspects plaisants et insolites de la réalité ? ), à des termes connexes, tels l'ironie, le comique, l'esprit ...
Or je suis capable de résister à tout, sauf à la tentation.
La philosophie consiste à créer des concepts, à abstraire et représenter mentalement l'objet de sa pensée. L'humour peut-il être hissé au niveau des grands concepts de la philosophie, l'Idée platonicienne, le Beau, la Volonté de Schopenhauer, le Cogito de Descartes, la Monade de Leibniz ?
Les grands philosophes susceptibles d'y parvenir, sont rares.
Or l'humour m'est cher, et comme ce qui est rare est cher....
L'humour peut se présenter sous la forme d'affirmations et de questionnements non-philosophiques.
Les motos anglaises ont-elles le guidon à droite ?
Il faut cueillir les cerises avec la queue ?. J'ai déjà du mal avec la main
Les plongeurs se jettent à l'eau en arrière, parce que, s'ils plongeaient en avant, ils tomberaient dans le bateau.
Les chauves souris ont peur d'avoir la diarrhée en dormant.
Mais l'humour peut aussi provoquer la réflexion .
L'humour, c'est faire rire avec une histoire qui a un double sens et qu'on ne comprend qu'à moitié
Aujourd'hui, chacun sait le prix de toutes choses, et nul ne connaît la valeur de quoi que ce soit. (OscarWilde)
Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (Montaigne)
L'humour est un mot masculin.
Le langage
Comment puis je savoir si je parle sanscrit puisque je n'ai jamais essayé.
Le champ de l'humour est celui du langage, comme celui des vaches est à la campagne.
Si leur bonheur est dans le pré, celui de l'humour est dans l'à peu prés.
L'essence de l'humour est dans un jeu avec les mots qui déstabilise le langage.
On a jamais accusé un philosophe d'intelligence avec l'ennemi
Chaque mot éveille en nous des connotations qui nous sont propres. Il en résulte un sens donné au mot qui nous est particulier.
Pratiquer l'humour, c'est mettre en doute l'immédiateté de l'écoute, transgresser les conventions du langage, usées par l'usage, sédimentées dans la permanence.
La confrontation avec les connotations qu'autrui applique aux mots, avec cet autre sens, provoque une collision, un éclat de rire.
Le sens du mot est devenu notre non sens.
Pourquoi, au café philo, y en a t il un qui soit toujours le dernier à s'en aller ?
Le sens
Nous avons souvent répété que l'homme philosophe pour trouver un sens à la vie, ou sa place sur le chemin de la vie, son identité.
Et si la vie, son chemin n'avaient pas de sens ?
La vie est un chemin qui ne mène nulle part, que nous n'avons pas choisi et que nous devons parcourir. Notre seule liberté, entravée par l'éducation sociale qui nous conditionne, par les comportements d'autrui et la morale qui nous rattache à l'autre, consiste à choisir les écarts à la route commune aux hommes.
Nous sommes des SDF, Sans Destin Fixe.
Celui qui est allé au bout du chemin, au bout de lui même, au bout de sa pensée, n'est pas au bout de ses peines.
Naviguer d'un possible à un autre est source d'un mal être que seuls les jeux de mots et les jeux de l'esprit sont à même de sublimer, en insinuant le doute dans le sens, en permettant la survenance de l'inattendu, de l'étrange.
L'humour me permet de remettre en cause mon identité, celle que je conçois exacte ou inexacte, celle que les autres perçoivent ou que je souhaite qu'ils perçoivent.
Contrairement à une certaine logique des religions qui mettent du sens là ou il n'est pas évident qu'il y en ait, l'humour déconstruit vers le non sens qui devient acceptable pour la pensée.
La vérité
L'humour permet d'exprimer la contestation, sans danger d'être exclu totalement du groupe.
Il permet de dire sa vérité, sans (trop) mettre en danger sa personnalité comme dans la confession ou la psychanalyse, de retrouver la légèreté de l'être.
La vérité n'est pas Unique, mais résulte d'une perspective du monde. L'humour déforme cette perspective, en change l'angle, refuse l'enfermement dans une phrase ou une situation définitive.
Mettre en doute les vérités toutes faites, c'est construire une autre perspective à ceux qui ont la certitude de posséder la vérité, les faire douter. Comme l'humour, qui n'est pas forcement drôle, mais peut faire rire, la situation de celui chez qui le doute s'est insinué est agréable, et le rejet est moins fort que dans la contradiction.
Le Concept
L'humour déconstruit vers le non-sens, transgresse les conventions du langage et change la vision de la réalité, remet en cause nos perceptions immédiate. En ce sens, il est philosophie et peut être considéré comme un concept essentiel« à posteriori » au sens ou l'entendait Kant.
A posteriori parce qu'il est bien connu que c'est le postérieur qui est essentiel.
* * *
Note de bas de page hors sujet, mais j'ai des comptes à régler et si vous êtes arrivés à lire jusqu'ici, il n'y a pas de raison que vous arrêtiez.
L'humour involontaire des philosophes
Ce n'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.
Démonstration que, si l'on se trouve dans l'impasse de la pensée, il suffit de jouer avec les mots, ou simplement avec leur orthographe, pour donner de la profondeur au discours superficiel et superfétatoire, pour justifier de son existance philosophique.
Il ne faut pas confondre ce qui est profond et ce qui est creux.
Texte authentique de Jacques Derrida.
« Maintenant, comment vais-je m'y prendre pour parler du a de la différance ? Il va de soi que celle-ci ne saurait être exposée. On ne peut jamais exposer que ce qui à un certain moment peut devenir un présent manifeste, ce qui peut se montrer, se présenter comme un présent, un étant-présent dans sa vérité, vérité d'un présent ou présence du présent. Or si la différance est (je mets aussi le « est »sous rature) ce qui rend possible la présentation de l'étant-présent, elle ne se présente jamais comme telle. Elle ne se donne jamais au présent. A personne. Se réservant et ne s'exposant pas, elle excède en ce point précis et de manière réglée l'ordre de la vérité, sans pour autant se dissimuler, comme quelque chose, comme un étant mystérieux, dans l'occulte d'un non-savoir. Par toute exposition elle serait exposée à. disparaître comme disparition.
Elle risquerait d'apparaître : de disparaître.
Le texte est tout aussi pertinent en remplaçant differance par existance
« Maintenant, comment vais-je m'y prendre pour parler du a de l'existance ? Il va de soi que celle-ci ne saurait être démontrée. On ne peut jamais démontrer que ce qui à un certain moment peut devenir un présent manifeste, ce qui peut se montrer, se présenter comme un présent, un étant-présent dans sa vérité, vérité d'un présent ou présence du présent. Or si l'existance est (je mets aussi le « est »sous rature) ce qui rend possible la présentation de l'étant-présent, elle ne se présente jamais comme telle. Elle ne se donne jamais au présent. A personne. Se réservant et ne se démontrant pas, elle excède en ce point précis et de manière réglée l'ordre de la vérité, sans pour autant se dissimuler, comme quelque chose, comme un étant mystérieux, dans l'occulte d'un non-savoir. Par toute exposition elle serait exposée à. disparaître comme disparition.
Elle risquerait d'apparaître : de disparaître.
( par Bernard)
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Le sens de la vie
« Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie » Malraux
Les derniers sujets de notre café philo ont porté sur « le Destin » , « le Bien et le Mal ».
* * *
Le destin représente le sens qui est donné à notre vie.
Les pessimistes présents, représentés ou en représentation ont développé la Loi de Murphy , aussi connue sous l'appellation de Loi de l'Emmerdement Maximum:
« Si quelque chose est susceptible de mal tourner, alors ça tournera nécessairement mal ».
Une application de la loi de Murphy :
La tartine tombe toujours du côté de la confiture.
Ce qui implique la question corollaire :
Un chat tombant toujours sur ses pattes, comment tombera un chat, sur le dos duquel on a attaché une tartine beurrée ?
Or le philosophe ne fait que poser des questions et n'apporte pas de réponses, même si le corollaire de loi de Murphy permet de douter de la nécessaire vision pessimiste de l'existence, d'une écriture préexistante de la destinée.
Les optimistes, par contre, ont laissé la place à la liberté de l'individu , formidable espace limité par les morales, le respect de la liberté d'autrui, les conditionnements sociaux et familiaux, les religions, les idéologies, les désirs refoulés, le temps, la mort, l'espace et les ouvre-boites qui ne sont jamais rangés dans le bon tiroir ( voir loi de Murphy) .
Le chien ayant fini de se mordre la queue ( et c'est quelque chose que les hommes ne pourront jamais faire, ou alors difficilement), nous sommes passés au Bien et au Mal.
Le Bien et le Mal représentent le sens que nous donnons à notre vie.
Par delà la compréhension du sens premier de ces mots et au travers de leur interprétation Bien et Mal seraient des jugements de valeur, des jugements d'appréciation, appliqués à ce qui est utile à une fin donnée, et qui dépendent de la légitimité que l'on accorde aux différents acteurs auxquels se réfèrent ces jugements.
Or le terme de légitimité implique l'existence d'une loi.
Cette loi peut être religieuse, ( et Dieu merci je suis athée), morale, sociale, politique, mais dépend essentiellement du moment historique, du contexte social, du conditionnement collectif et individuel dans lequel elle est promulguée ou reconnue.
Pour le bouddhisme l'existence serait éphémère et solidaire de la nature, l' homme ne faisant qu'un avec la nature et donnerait à sa vie un sens en recherchant cette relation fusionnelle avec la nature.
Par contre la vision judéo-chrétienne du monde serait celle d'un homme chassé du paradis, de cette unité avec la nature, prédateur, dominateur, seul être capable d'actions inutiles ( comme d'écrire ce machin), une espèce de virus, dont , de plus, la nature chercherait à se débarrasser.
Ce morpion n'aurait donc pour seule raison de vivre que celle de chercher à justifier de son existence, à lutter pour la conserver, comme un fardeau.
« La vie d'un homme n'est qu'une lutte contre l'existence avec la certitude d'être vaincu » Schopenhauer
Il ne peut en résulter qu'une vision absurde du sens de la vie.
Ionesco, écrivain de l'absurde :"Je me vois déchiré par des forces aveugles, montant du plus profond de moi, s'opposant en un conflit désespérant, sans issue . . . je ne puis évidemment pas savoir qui je suis, ni pourquoi je suis.
* * *
Les systèmes sont comme les champignons :
Tous les champignons sont comestibles, mais certains une seule fois
Tous les systèmes ont leur pertinence, mais limitée dans le temps de l'histoire, et une seule fois.
Des systèmes de pensée ont voulu donner un sens à la vie :
- au travers des religions, qui, avec Dieu, donnent Vie au Sens ( et l'homme créa Dieu ...),
par une révélation divine, tombée du ciel, heureusement que je n'étais pas en dessous
- au travers d'utopiques idéologies politiques ( l'homme est au service de ces idéologies qui donnent sens à sa vie),
par une révélation théorique, livresque, quasi romantique et qui s'est même, avec le Marxisme, voulue scientifique, bien que n'ayant jamais été préalablement essayée sur des animaux.
- au travers de la connaissance de son moi intime, unique et inconnaissable puisque inconscient ( la vie à le sens que chacun ne lui donne pas en le refoulant), mais une partie de moi n'est pas d'accord avec ce qu'écrit l'autre,
par une révélation faite sur un divan, bien que ce meuble puisse servir à d'autres révélations.
Que peut-il rester après ces obstacles à la pensée qui sont/étaient les principaux vecteurs de sens ?
Mais la philosophie, c'est bien sûr, qui semble réussir un basculement de la pensée de la vie publique à la vie privée, le retour de l'homme au centre de l'interrogation, en renonçant à la recherche conceptuelle, à la morale politique, pour permettre un mieux vivre.
« Quand le doigt montre la lune, l'imbécile regarde le doigt ».
L'imbécile regarde ce qui a du sens et ne voit pas le réel.
Le sens n'est pas dans ce qui désigne, mais dans ce qui est désigné.
La vie n'a pas de sens, n'est pas un contresens à la nature, la vie est son propre objet.
(par Bernard)
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Pourquoi les oiseaux chantent-ils après l'orage ?
RENE DESCARTES :
Parce qu'ils n'ont pas chanté pendant l'orage ; mais votre sensation-perception vous trahit certainement et vous n'êtes jamais sûr que les oiseaux chantent, et encore moins après l'orage ; seule la déduction qu'ils ont chanté après l'orage parce qu'ils n'ont pas chanté pendant, peut vous conduire au vrai et à la critique du chant pur.
PLATON :
Pour leur bien. Après l'orage est le Vrai ; « venez orages désirés qui faites les oiseaux chanter, leur tessiture est dans le juste et dans le vrai «
ARISTOTE :
C'est dans la nature des oiseaux de chanter après l'orage, et j'affirme fortissimo-Brassenssimo « qu'ils épuisent leur être d'oiseau, que leur organe fasse la fonction du chant et non de la parole; ils n'ont qu'un bec et n'eurent jamais envie ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux ; ils n'ont aucun besoin de baiser sur les lèvres et l'air qu'ils boivent ferait éclater nos poumons ».
KARL MARX :
C'était historiquement inévitable, mais le cheminement dialectique doit nous conduire à anticiper, la paupérisation de la ligne mélodique sur la voie de la dégénérescence dodécacophonique, comme le pallier nécessaire du dépérissement du chant ou des oiseaux.
SAINT EXUPERY:
Parce que chanter après l'orage, aucun être humain ne l'aurait fait, et leur chant désespéré est d'autant plus beau, qu'il se déploie dans un univers garanti sans petit prince parasitaire.
HIPPOCRATE :
A cause d'un excès de sécrétion de leur pancréas.
MARTIN LUTHER KING, JR. :
J'ai la vision d'un monde où tous les oiseaux seraient libres de chanter après l'orage sans avoir à justifier leur acte.
MOISE
Et Dieu descendit du paradis et Il dit aux oiseaux : ''Vous devez chanter après l'orage''. Et les oiseaux chantèrent après l'orage et Dieu vit que cela était bon, même s'ils avaient dû se déprendre du rameau d'olivier.
Gilbert FAURISSON :
Les oiseaux n'ont jamais chanté après l'orage, je répète, les oiseaux n'ont JAMAIS chanté après l'orage !
NICOLAS MACHIAVEL :
L'élément important c'est que les oiseaux chantent après l'orage. Qui se fiche de savoir pourquoi ? La fin en soi de chanter après l'orage justifie tout motif quel qu'il soit.
SIGMUND FREUD :
La propension que vous avez à vous préoccuper, du fait que les oiseaux chantent après l'orage révèle votre fort sentiment d'insécurité sexuelle latente ; vous demande-t-on si vous fumez après l'amour pour tromper votre dépression post-coïtale ?.
ANTOINE BLONDIN'.
I'ai à côôôté de moi les extraordinaires oiseaux qui ont réussi le fooormidable exploit de chanter après ce suuuuuperbe orage « Why did you sing after the storm?'' - ta ! ta ! ta ! tam !? - ? Eh bien ils disent qu'il sont extrêmement fiers d'avoir réussi ce challenge, ce défi, cet exploit. C'était une prouesse très dure, mais ils se sont accroché, et.. et je suis en présence de sur-oiseaux qui se sont arrachés aux contingences et à leur atavisme volatile.
Hubert REEVES
Nous venons justement de mettre au point le nouveau « Bird Office 2006 »qi ne se contentera pas seulement de chanter après l'orage, mais couvera aussi des oeufs, annoncera l'hiver et les tremblements de terre, fra avancer grandement nos connaissances sur les énergies et le cosmo-tellurisme, classera nos dossiers importants, etc.
HUSSERL:
La question n'est pas : « Pourquoi les oiseaux chantent après l'orage? » mais plutôt: Qui a chanté en même temps que les oiseaux, qui avons-nous oublié dans notre hâte et qui a pu vraiment écouter ce chant ? LE chant existe-T-il hors de la totalité des choses dont nous faisons l'expérience ?
CHARLES DARWIN ;
Les oiseaux, au travers de longues périodes, ont été naturellement sélectionnés de telle sorte qu'ils soient génétiquement enclins à chanter après l'orage.
ALBERT EINSTEIN :
Le fait que les oiseaux chantent après l'orage ou que l'orage éclate avant leur chant dépend de votre référentiel.
BOUDDHA
Poser cette question renie votre propre nature d'oiseau, et montre que le chemin vers la vacuité sera encore long.
TOMAS DE TORQUEMADA :
Tout oiseau ayant chanté après l'orage et qui reniera trois fois son chant sera considéré comme relaps et sera remis entre les mains de la Sainte Inquisition, où ils laisseront des plumes.
GALILEO GALILEI :
Et pourtant, ils chantent...
FREDERIC Il de Prusse :
Les oiseaux n'ont pas encore chanté après l'orage, mais le gouvernement éclairé par le siècle des lumières y travaille.
Jean-Paul SARTRE :
Les oiseaux, il sont libres les oiseaux. L'orage est fini, quand ils veulent, les oiseaux ils chantent après.
Pourtant ils n'ont jamais été aussi libres de chanter que sous l'orage, comme moi sous l'occupation ; l'éthique de leur engagement fonde leur responsabilité et leur liberté, même si cette liberté est assumée là haut, où l'air est plus dense que les risques. Mais je me définis comme ontologiquement supérieur, car je ne fais pas que chanter des conneries, j'en écris aussi.
Ch. DE GAULLE :
Les oiseaux ont peut-être chanté après l'orage, mais ils n'ont pas encore chanté après le déluge.
Dominique de VILLEPIN:
Parce que je n'ai pas encore proposé de dissoudre l'orage.
RON HUBBARD:
La réponse est en vous, mais vous ne le savez pas encore. Moyennant la modique somme de 100000 ? par séance, plus la location d'un détecteur de mensonges, une analyse psychologique nous permettra de la découvrir.
WIM DUISENBERG / JEAN MARC SLVESTRE:
Bientôt, ce n'est plus un équivalant oiseau qui chantera après l'orage, mais 0.176986453 Eurooiseau.
Robert ARON
JE JURE, sur ma conscience, qu'il ne s'est rien passé entre ces oiseaux et moi, ( même si le Aron est emmanché d'un long bec et qu'on me serine Aron, Aron, petit Patapon )
André COMTE-SPONVILE / LUC FERRY:
Nous ne savons pas mais on va faire un site Web là dessus.
MICHEL SERRE/ JOB REEVES:
Nous proposons de construire une infrastructure technique permettant aux oiseaux de chanter après l'orage. Un cluster de 5 serveurs massivement parallèles, tolérance de panne, reliés par un réseau FDDI, avec 10 To de disques RAID devrait suffire. Côte logiciel, il faudra approvisionner une centaine de licences DB2, Netview et Visual Age, car ces produits sont en totale adéquation aux besoins de chanter après l'orage, moyennant une prestation d'adaptation mineure de 25 années - oiseau (tarif : 32000 ? par jour).
ANDERSEN / PEIRCE:
The question is not why do the birds sing alter the storm but how do they sing and how will they sing better.
Deregulation of the birds's song after the stormy weather was threatening its dominant market position. The birds were faced with significant Challenges to create and develop the competencies required for the newly commutative market.
Andersen Consulting, in a partnering relationship with the client, helped the birds by rethinking its physical distribution strategy and implementation processes. Using the new Birdy Integration Model (BIM), Andersen helped the birds use its Skills, methodologies, knowledge, capital and expiriences to align the birds's peuple, processes and technology in support of its overall strategy within a Program Management framework. Andersen Consulting opened a diverse cross-spectrum of stormy songs analysts and best birds along with Anderson consultants with deep skills in the transportation industry to engage in a two-day itinerary of meetings in order to leverage their personal knowledge capital, both tacit and explicit, and to enable them to synergize with each other in order to achieve the implicit goals of delivering and architecting and implenienting an enterprise-wide value framework across the continuum of birdy cross-median processes. The meeting was held in a park-like setting, enabling and creating an impactful environment which was strategically based, industry-focused, and built upon a consistent, clear, and unified market message and aligned with the birds's mission, vision, and core values. This was conducive towards the creation of a total business integration solution.
Andersen Consulting helped the birds exchange to become more successful.
MARTIN LUTHER / ALFRED HITCHKOCK :
Parce que c'est un pêché délibéré contre le silence ; les oiseaux sont porteurs d'un pêché dont ils sont responsables avant même d 'en assumer explicitement la culpabilité, et parce que le crime qu'ils commettent, ou supposés commettre, n'est jamais que le résultat , ou le pâle reflet de la faute originelle.
Le châtiment final c'est pour nous qui posons la question, les oiseaux ne sont pas les criminels, et nous sommes bien les témoins , voyeurs, questionneurs, qui commettons le pêché de connaissance.
Nous croyons connaître à la surface de l 'être pourquoi les oiseaux chantent, mais au plus profond de l'être nous n'étreignons que notre déchéance, notre misère, notre néant .
Si Dieu existe, c'est lui qu'il faut aimer et non les oiseaux, et encore moins leur chant, a fortiori après l'orage !
Nous avons fait une enquête sur le chant de ces oiseaux, et avons déduit que l'innocence, la culpabilité, la moralité, sont rattachées à la pure métaphysique chrétienne, non abâtardie par le puritanisme et le protestantisme, non plus que par la casuistique mondaine du XVII éme siècle.
Leur chant pur entre dans notre être, et relève du jansénisme procédant de St Thomas d'Aquin, et de St Augustin ; on ne ruse pas avec le pêché fut-il un chant désemparé futile, et post-orageux, car la
dialectique de la chute et de la grâce ne s'ouvre que sur l'horizon sans échappatoire du jugement dernier, et les oiseaux exprimeront, avec le sourire au bec, la résignation de l'enfer ou la certitude du pardon.
Chacun de nos questionnements sur le chant des oiseaux après l'orage estompe notre questionnement sur notre solitude, et notre débat ne pourra être ponctué que par des attaques d'oiseaux ; tout tournera au cauchemar, même si à la prémisse les oiseaux avaient pourtant l'air inoffensifs, qui deviendront méprisants pour notre bassesse d'individus anonymes, et s'arrogeront le droit nietzschéen de vous supprimer .
Les oiseaux décideront par millions de nous crever les yeux en chantant, et nous plongeront dans le royaume des aveugles ; ne l'oublions pas ne l'oublions jamais, les oiseaux sont des animaux fantastiques, surréels par excellence,ils sont dangereux et fragiles, symboles de grâce et d'agressivité, ils traduisent le devenir fusionnel d'une féminité, qui recruterait elle-même sa propre menace .Les oiseaux noirs s'unissent à la femme qui se refuse et engendre cette image composite de la frigidité malade, soumise et résistante au Désir.
L'écueil qui vous guette, si vous descendez le fleuve de votre existence subjugués par le chant des sirènes n'est rien à côté du néant où vous pousse le questionnement sur le chant des oiseaux après l'orage.
Gérard MILLER :
Les oiseaux chantent après l'orage car c'est dans leur cahier des charges, mais observons que leur chant est neutre comme un récitatif de téléachat, et que par-là même ce n'est pas un acte de liberté délibérément assumé, mais une figure imposée et réglementaire, comme une prédestination qui allierait la perversion du sujet à une intégration du sujet dans l'ordre marchand.
François JAKOB :
Les oiseaux chantent après l'orage car ils ne parlent pas, et toute investigation épistémo-fiabiliste, ne ferait qu'éloigner le sujet du chant de l'oiseau après l'orage par une fuite en avant de la méthode.
LEIBNITZ :
L'illusion du couple orage-après l'orage vous a abusé, or les oiseaux chantent même pendant l'orage, car la nature ne fait pas de saut ; il n'est nul besoin d'enquêter parce que les oiseaux signifient le chant, et il vaut mieux un monde où on peut faire le mal, (chanter après l'orage), qu'un monde où les oiseaux n'auraient pas leur libre arbitre ; cependant le meilleur des mondes possibles nous oblige à tolérer que non contents de fianter, les oiseaux chantent aussi après l'orage.
SAINT-AUGUSTIN :
Je sais pourquoi les oiseaux chantent après l'orage, mais demandez moi de l'expliquer, et je ne sais plus pourquoi.
SPINOZA :
Comprendre pourquoi les oiseaux chantent après l'orage c'est acquérir la conscience du chant, mais je m'insurge contre Freud, qui a le tort de circonscrire ce questionnement autour de nos problèmes personnels, nos préoccupations mesquines et insignifiantes, au regard de la place que ce chant occupe dans la réalité des choses.
DUL QARNAYN
Plus qu'une quête de la Vérité, je Voudrais m'interroger, sous l'angle d'une esthétique distanciatrice, sur le gargouillis de sanitaire libéré émis par la gents embaumée après l'orage.
Le talent des oiseaux qui chantent après l'orage tiendrait-il dans le talent de celui qui observe et questionne ? Autant dire que le talent du Christ tiendrait à celui des évangélistes ; sommes nous nés pour explorer le Monde, et sonder les ténèbres du règne animal ? Dieu favorise le chant des oiseaux après l'Orage, mais lui en rappelle les limites ; nous ne serons qui les aèdes et les soufis errants, qui chanteront encore longtemps la geste, et écriront sur le vent l'épistémologie roucoulophonique et pépiante des Oiseaux chantant après l'orage. Mais notre témoignage ne sera que le tonnerre bien tardif après l'éclair.+
VOLTAIRE :
Les oiseaux chantent après l'ordre pour témoigner du dégel du sacré, et psalmodier la religion poignante et profane du bonheur, et de l'instant de grâce ; qu'ils transmettent leur chant de bec en bec quitte à chagriner les vieux et pieux ptérosauriens, pour cause de frivolité philosophique et mélodique.
Léo FERRE
Parce que ce sont les oiseaux-émissaires du malheur, et il importe que leur chant soit rempli de mystère,
Et non de tabou, de pêché, de vertu, de carnaval romain des draps cousus dans le salace, et dans l'objet .
de la policière voyance et voyeurie.
HEIDEGGER :
Après l'orage les oiseaux survolaient les Konzentrazionslager en déployant leur chant, souvent de borgborygmiques salmigondis « cuit, cuit « , dans le ciel barbelé pour écrire de leur plume à la foule bigarrée et cosmopolite d'en bas , »chacun a un choix total de soi même et vivre pleinement signifie faire ce choix, et s'engager libre comme un oiseau sans Dieu ; le choix du chant libérateur pouvant venir de surcroît ».
LACAN :
Les oiseaux chantent après l'orage pour démontrer, s'il en était besoin, que même sous un crâne de piaf, l'inconscient est structuré comme un langage ; mais, » traduttore, traditorre « , gardons nous de le déstructurer, car ils n'auraient pas les moyens de leur analyse, sauf à s'acquitter en roupies de sansonnet, et quel avantage en tireraient - ils de surcroît ?.
* * * * *
La question était posée, et restée sans réponse elle risquait le sort du frère d'Antigone, qui privé de sépulture était condamné à errer sans fin, et à venir tourmenter nos existences.
En modeste rhapsode, j'ai recueilli les avis éclairés de nos illustres et regrettés prédécesseurs, en évitant de tomber dans la frivolité philosophique, et dans la pantalonnade éthique.
Bien sûr je me suis attaché à restituer fidèlement les concepts récurrents du café philosophique, qui en constituent les repères nécessaires, les soubassements fondateurs, et les défenses sécurisantes, à savoir :
le cosmo tellurisme, l'épistémologie fiabiliste, la vacuité et le silence, la linguistique ... etc.
Les concepts retenus ont peut-être été mal interprétés, ou privilégiés à d'autres plus proches de l'essence de la pensée de leur auteur, ou plus proches du thème étudié.
En tout état de cause si vous le souhaitez, je me réjouirais que cet exercice puisse trouver d'autres adeptes pour en améliorer le contenu, et en élargir le champ.
Gérard III, le 11 novembre 2001
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Le cheval est-il menacé dans sa chevalité ?
Généralités sur les croisements entre humains et animaux, en réalité ou en termes de langage. Le cheval a-t-il été atteint dans sa singularité lors l’incorporation de sa chair dans de la viande de bœuf, cette expérience touchant à la singularité affecte-telle également la série générique de cheval, le signe de cheval même, bref la chevalité ?
Par suite d’un manquement à l’éthique de l’étiquette le cheval est semble-t-il menacé dans sa chevalité pour parfois disparaître dans de la boeufité, mais la recherche de l’ADN, un remède de cheval, permet de le ressusciter et le sortir de sa vocation de simple substitut caché de la viande de bœuf dans les préparations culinaires industrielles.
En ces temps postmodernes l’« en soi » des choses est très relativisé, que l’on songe à Marcela Iakub, « embedded » avec DSK-le-cochon pour faire du journalisme d’immersion dans une aventure cochonne, qui a trouvé du cochon dans son amant, et de conclure à l’animalité de l’homme et même à la supériorité du cochon sur l’homme ; du coup on ne sait plus définir ce qui caractérise DSK, son humanité, sa cochonceté ou les deux à la fois ?
Marcela Iakub n’a pas fait œuvre originale, Circé, nous le savons, séduisait le cochon qui sommeillait dans les Hellènes et les réduisait à cet état afin de prendre le pouvoir sur eux. L’Hellène ainsi envouté se transformait en pourceau, mais Circé échoua avec Ulysse qui lui résista avec l’aide d’Hermès, et de ce fait Circé tomba amoureuse de lui !! Zeus n’avait pas la même retenue !
Comme on passe du coq à l’âne on peut aussi passer du cochon au cheval, ainsi Poséidon se métamorphosa-t-il en étalon pour couvrir la pauvre Déméter qui s’était elle-même transformée en jument afin d’échapper à l’accouplement, mais elle dut se résoudre à mettre au monde le cheval Arion ; Poséidon n’hésita pas non plus à s’unir à Méduse afin d’engendrer Pégase, le cheval ailé !! Le dieu Borée ne se gêna pas lui non plus qui se transforma en étalon afin de couvrir les juments d’Erichthonios de Troie! La mythologie et l’Histoire ne retinrent pas si l’engendrement eut lieu selon le protocole du « Gangnam style».
Jacques Brel qui se souvenait d’avoir été cheval dans ses diverses métamorphoses, était peut-être de cette engeance lui qui exhibait sans remords des dents sans mors, un cheval d’orgueil dont on n’entend encore les sabots au galop et que nous croyons voir passer en centaure ; peut-être s’agissait-il d’une manière belge d’exprimer les réminiscences platoniciennes ?
Nous ne sommes plus sûrs de rien, imaginez un cow-boy de rodéo qui croit chevaucher un bœuf ou un jeune taurillon et se trouve à cru sur le dos d’un cheval ! Souvenons-nous d’Ajax lors de la guerre de Troie qui voulut se venger de ne pas avoir été bénéficiaire des armes du défunt Achille, il se mit à massacrer les chevaux croyant décimer des adversaires achéens ! Il faut dire qu’Athéna l’avait rendu fou au point de ne plus faire de différence entre des chevaux et des hommes !
Le rappel de l’animalité de l’Homme est observé notamment sur le plan politique selon les formules, « Suivez le bœuf ! (20)», « Les Français sont des veaux », « Mangez du bœuf gros sel si vous ne pouvez acheter du filet !» et jusqu’à l’expression vulgaire, « Et mon c--- c’est du poulet ? » ; nous sommes en fait très près du croisement des espèces dont nous avions déjà l’exemple avec la sirène –femme- poisson-oiseau ou le fabuleux Centaure de Thessalie, moitié- Homme et moitié-cheval. On n’ose imaginer quel accouplement inapproprié ou alors quelle ingestion de l’un par l’autre a créé ces phénomènes !
On voit d’emblée qu’il y a un grave danger de mélange des « en soi », par ingestion de l’en soi d’une espèce par une autre, par croisement des espèces, par manipulation génétique comme les OGM ; est-ce à dire que nous risquons de perdre du même coup le phénomène et le noumène ? Si le cheval est menacé dans sa chevalité, pouvons-nous dire que la disparition des dodos (3) en 1661 sur l’île Maurice a vidé la dododicité de tout contenu, ou bien la dododicité subsisterait-elle, car le dodo sera devenu un signe qui ne renvoie à plus rien de réel pour n’être plus que dans notre esprit et notre langage ; à moins que le docteur Strauss-Kahn n’ait gardé le dodo dans la saumure afin de préserver la rareté de cette espèce dorénavant inexistante ? Envisager le dodo revient à une phénoménologie à rebours, la science de ce qui disparaît au lieu de la science de ce qui apparaît ou est.
Cela dit, le bon sens ne peut plus affirmer avec conviction qu’un chien ne fait pas de chats et qu’on ne peut trouver de pommes sous un poirier ; de même avec la théorie des genres la féminité ou la masculinité, branches de l’Humanité, ne sont plus des données premières et innées comme l’avait déjà subodoré le « Castor » existentialiste dans son livre « Le deuxième sexe », où elle affirmait avec aplomb que l’on ne naît pas femme mais qu’on le devient.
On ne doit pas non plus éluder la question concernant les centaures et les sirènes, sont-ils réellement des croisements coupables, combinent-ils deux « en soi » avec un « en soi » dominant, ou créent-ils un tiers « en soi », ou ne sont-ils enfin que de vulgaires apparences voire même de simples phénomènes ? Devons- nous nous demander comment la centauricité s’incarne-t-elle en Nessos (5) ou en Pholos (7), ou la sirénicité en sirène du Mississipi! Ou plutôt comment l’on passe de singularités dispersées à ce concept-signe qui fabrique un universel, autrement dit une réalité seulement mentale de centaure et de sirène, des essences qui existeraient par elles-mêmes ?
Surtout que les sirènes ont évolué, elles sont passées de monstres marins à tête de belle femme et corps d’oiseau, à monstres moitié femme et moitié poisson après qu’elles se soient jetées dans la mer en raison de l’insensibilité d’Ulysse à la douceur de leur chant. En somme le changement d’apparence change-t-il l’ «en-soi », surtout qu’elles ont donné comme postérité les mammifères siréniens comme les dugongs ou les lamantins, soit un saut d’ « étantité » dont on ne sait s’il influa sur l’ «être », et selon quel processus plus ou moins avouable et coupable.
A ce stade du constat, la frontière est incertaine entre les espèces mais qu’en est-il lorsque les espèces se dévorent entre elles ?
Anaxagore (4) se posait déjà la question insoluble, pourquoi un lapin mangeant des carottes ne devient-il pas carotte ! Actuellement nous serions en droit de nous demander pourquoi si nous mangeons du bœuf en pensant le devenir, nous deviendrions cheval ! Nous connaissions la prédominance des fibres (19) de cheval dans le pâté d’alouette, et en suivant Anaxagore nous pensions nous couvrir de plumes et commencer à grisoller en mangeant ce pâté et ironie du sort nous nous retrouverions tout étonnés, pleins de poils et prêts à hennir !!
D’autres exemples épars afin d’illustrer la fragilité des barrières de l’espèce. L’instinct barbare des truies qui dévorent leurs pourceaux lorsqu’elles sont sous-alimentées renforcent-elles leur cochonceté ? Chronos dévorait ses propres enfants, en renforçait-il pour autant son humanité ou sa déicité ? Ugolin (11) mangeait ses fils paradoxalement afin de leur conserver un père, se préservait-il lui-même au détriment de ses descendants ? L’ultime phénomène en la matière est bien l’autophagie de celui qui se mange lui-même par maladresse ou distraction (un Homme de couleur noir qui mange du chocolat noir et y sacrifie un ou plusieurs doigts), ou soit par maladie comme le chien ou le catoblépas de fiction ; en l’espèce se nourrir de soi-même traduit un égoïsme certain, sans la certitude de préserver la pureté ni la pérennité de son espèce.
Lors de la communion mystique avec l’invisible par ingestion de l’hostie, pourrait-on imaginer qu’elle ne soit pas du corps du Christ mais de celui de Judas ou de Marx ? Imaginer aussi que le vin des ciboires ne soit pas du sang du Christ en « Lacrima Christi » mais du simple Edelszwicker !!
Des expressions populaires montrent que la transgression de la barrière des espèces a déjà eu lieu !! Ainsi en est-il du vocable « Soï-hund » en alsacien, soit cochon-chien, salaud ou peau de vache qui cumule deux en- soi à part lui. Cela n’est pas sans nous rappeler Héraclès se couvrant de la peau du lion de Némée, transgression symbolique de la barrière des espèces afin d’acquérir des pouvoirs exorbitants.
Nous parvenons au cœur de la question, la crainte inconsciente de franchir la barrière des espèces, ainsi les gens sensés craignent-ils de franchir la barrière de l’espèce des « cons » (12). A ce niveau de mon raisonnement je sens que certains d’entre vous commencent à entendre miauler dans les cieux ! La peur de la transgression des espèces nous a faits les géniaux créateurs de monstres pour en orner les gargouilles de notre cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, comme un exutoire à notre peur. Notre imaginaire est plein de ces animaux fantastiques, de loups-garous, de licornes et autres chimères ! D’ailleurs notre chaperon rouge ne sut pas faire la différence entre sa mère-grand et un loup, on peut s’interroger sur le niveau de son quotient intellectuel !
Examinons scientifiquement la chaîne alimentaire, « Qui dévore qui et qui est dévoré par qui », afin de déterminer si la dévoration menace ou non la barrière des espèces.
Ainsi pour passer de l’apparence au phénomène on doit convenir que dans notre bouche le cheval et le bœuf ne sont plus cheval et bœuf mais des morceaux de ces animaux ; après passage dans notre estomac ces morceaux de cheval et de bœuf deviennent des éléments faits des mêmes atomes que ceux que l’on trouve dans une carotte ou dans notre corps ; la digestion décompose ces morceaux en protéines puis en acides aminés qui sont utilisés dans l’organisme pour fabriquer de nouvelles protéines (13).
Donc Mr Anaxagore, quand un lapin mange une carotte il absorbe les acides aminés qui lui permettent de fabriquer des protéines de lapin ; la carotte n’est que l’enveloppe apparente d’un ensemble d’éléments qui lui sont utiles.
Voilà déjà une angoisse en moins, on ne devient pas ce qu’on mange, certes, mais cela ne me rassure qu’à moitié quand je mange du poisson qui a mangé de la farine de cochon, ou quand je consomme à mon insu du cheval que l’on vend sous l’étiquette de boeuf qui a mangé des carottes, hum !
Psychanalytiquement, devenir l’animal que l’on mange n’est-ce pas l’espoir qui nous détourne de la honte d’être nés sans plumes comme l’alouette, sans carapace comme la langouste, sans les dents du cheval ou sans poche comme le marsupial ? Imaginons même le désarroi d’un éleveur d’un centre de réintroduction des cigognes d’Alsace qui attendait un cigogneau et auquel serait né un moineau ! La cigogne avait-elle honte de son grand bec ridicule bon à jouer des claquettes et de ses grandes pattes, qu’on la dirait montée sur des échasses ?
Finalement on ne risque pas de devenir les bêtes que l’on mange, mais plutôt à la manière de La Fontaine les ressemblances des bêtes avec l’Humanité nous caricaturent, nous idéalisent, nous déforment et nous recomposent. Quoiqu’à y regarder de près, nous avons tellement mangé d’animaux notre vie durant que notre visage laisse transparaître des traits de bœuf, de cheval, de veau et de lapin !
Voyez-les, ils sont tous là ces animaux sauvés par Noé et que vous avez mangés, ils vous regardent de leurs 10.000 yeux éteints; vous souvenez-vous d’avoir essayé sur eux la qualité de vos dents, la qualité de vos instruments les plus adaptés à leur fonction propre, s’enfoncer dans la chair ; vous jouissiez en alternant tantôt des fragments de cartilage craquant que vous faisiez rouler de vos incisives vers vos molaires, tantôt des lambeaux de chair du filet qui fondaient dans votre bouche ; vous mettiez en pièce Idéal du Gazeau ou le bœuf de la crèche, le découpiez ; vous portiez votre regard vide vers un horizon imaginaire afin de mieux vous concentrer très primitivement sur vos dents fortes et tranchantes, et vous sentiez votre langue soulever le morceau de faux-filet contre la voûte de votre palais, l‘envelopper de votre salive dégoulinante, puis le pousser sous la pointe de vos canines jusqu’à cette déglutition à vous faire pousser des soupirs !
Des relents remontaient en rots de votre appareil digestif, n’était-ce-ce pas l’âme de ces bêtes destinées par l’Homme à être mangées qui tentaient un dégagement par ces régurgitations afin de rejoindre les cieux ou les profondeurs chtoniennes de la terre vers leurs divinités tutélaires ?
Qui n’est pas accessible au remords ? On pense encore inévitablement aux bêtes qu’on a mangées comme on pense à une forme errante, on ne sait trop où, pas loin, et on entend leurs plaintes, on revoit telles attitudes qu’elles avaient, tel regard qui nous était familier; en une seule de notre vie nous avons pris la vie de milliers d’animaux bien avant l’âge, et fatalement nous en verrons défiler les spectres dans nos têtes posées sur nos taies d’oreillers Bouchara ou Verbaudet ; vous verrez des silhouettes à peine esquissées, sans texture, en trompe-l’œil sur un fond noir de deuil !
Ces troupeaux fantômes de défuntes bêtes avanceront d’une lenteur irréelle avec la pesanteur et l’apesanteur d’un autre monde; vous devrez affronter l’appel de la béance de ces orbites et des dents démesurées de ces têtes de morts animales qui claqueront de leurs os creux dans des rires sardoniques et tonitruants. Observez bien « la vache qui rit », de savoir que sous son nom c’est le cheval qui trinqua, il était impliqué alors qu’elle n’était que concernée !
Ces bêtes trépassées auront-elles le souvenir de l’Homme dans leur paradis, où ne feront-elles que continuer de courir après leur propre songe suivant les odeurs qui les guidaient, les faisaient méditer ou bondir, sans que leur univers ne croisât le nôtre. Reviendront-elles la nuit pour nous hanter ou nous brouter les pieds, ou luiront-elles comme un œil de bœuf ou de Caïn , comme un reproche de notre vivant et dans notre tombe ?
Le cheval pour le compte du bœuf n’aspirait-il qu’à la cuisson comme le chrétien au ciel ? Pourtant le cheval et le bœuf sont athées et n’ont pas à craindre la « sainte grillade » celle promise aux mécréants dans l’au-delà, ou à Jeanne d’Arc de son vivant, et malgré tout ils subissent la rôtissoire de l’Enfer de par la seule volonté ou appétit des Hommes !
La tête de cheval ornée de persil sur votre assiette vous adressera-t--elle cette prière, « Ma tête séparée pose encore sur toi ses yeux mourants ! » Si un congénère du troupeau voyait cette tête, frémirait-il devant son semblable décapité en se faisant une idée de la mort ? En tout état de cause l’animal comme l’Homme s’adapte à la mort en se faisant squelette, rien n’est mieux adapté au néant qu’un squelette ! Et comme disait Woody Allen, on peut très bien affronter le néant à condition d’avoir le costume adéquat, le cercueil de préférence.
Et nous en avons mangé des bœufs et des chevaux, cela sans rituel, sans cérémonie funéraire, on n’a vu que très rarement une vieille dame assister à l’enterrement d’un boeuf ou d’un cheval avec un lapin ou un renard mort autour du cou et des oiseaux taxidermisés sur le chapeau ! Qui saura entendre ces victimes depuis leur au-delà animalier nous susurrer, « Eh ! Oh ! Je suis là parmi les miens de la chevalité! Sans trop de séquelles de ma vie singulière brève et temporelle !»
Vous ne croyez pas cela possible ? Si, si ils peuvent parvenir à exprimer de tels propos tragiques, car la fonction crée l’organe, et ces bêtes peuvent en troupeau ressentir des névroses de masse, comme le chien domestiqué vit sa neurasthénie au bout de la laisse. Laissez- les encore courir dans votre mémoire ou sur l’envers de vos paupières closes, et ne les figez pas ainsi que le cheval en pied du musée d’arts modernes de Strasbourg les a statués, ce cheval de 4 mètres de haut de style néo-Dada (21) est tellement grand que ses pattes descendent jusque par terre !
Et quand il arriverait que ces bêtes passassent à proximité d’une tombe de leurs congénères, se cabreraient-elles, s’effaroucheraient-elles ? Ces bêtes auraient-elles passé leur courte vie à psalmodier le « Memento mori »? Auraient-elles consommé hâtivement la durée de leur vie comme cette peau de chagrin couvrant leur carcasse ? Qui se souviendra de leur mort ? Quand on pense que Tacite n’avait même pas remarqué la mort de Jésus avant que ce dernier n’ait soufflé ses trente-trois bougies!!!
Merci Mr Anaxagore vous m’avez paré d’une obsession, je ne peux plus voir de bœuf, de cheval, de lapin ou des carottes sans penser à vous !!
Revenons à la problématique de la perte ou non de la chevalité.
Mais revenons à notre problématique centrale, dans notre expérience de consommation de plats industriels cuisinés, nous avons eu l’apparence d’un plat de lasagnes de bœuf que nous avons érigé en phénomène de plat à base de bœuf à défaut d’avoir jamais accès aux choses en soi ; or nous avons été abusés et mis en présence à notre insu du phénomène de lasagne de cheval et pouvons-nous conclure corrélativement que nous nous sommes coupés radicalement du noumène (1) de chevalité ? En effet trompé par le phénomène(2) comment oserions-nous prétendre encore accéder à la chevalité, ou plus précisément au cheval en soi ?
Traditionnellement, en situation normale, nous avions la difficulté de distinguer nettement entre le langage et les choses. En tant que membres du café philo nous nous évertuons à travailler à ne plus confondre les signes qu’emploie notre pensée avec des objets réels, à ne plus prendre nos manières de dire pour des modalités de l’être.
Certains membres (18) éminents du café philosophique savent opérer ce partage entre les discours qui se réfèrent à des choses et ceux qui ne concernent que des signes, et l’on peut se hasarder à dire qu’ils ont procédé au nettoiement des écuries de la métaphysique sans l’aide d’Augias, et que le distingo entre le cheval et la chevalité ne leur pose plus de problème.
Il est vrai qu’il faut postuler que l’ « humanité » ou la « chevalité» ne sont pas des essences existant par elles-mêmes ou dans l’entendement divin, dont il serait pertinent de se demander comment elles se réalisent dans tel ou tel individu, car ces signes ne renvoient à rien de réel et ne sont que dans notre esprit et notre langage; on ne se demandera donc plus comment l’homme s’incarne-t-il en Luc Ferry, ou le cheval en Idéal du Gazeau ou Jappeloup! Mais plutôt comment l’on passe de singularités dispersées du café philo (Bernard, Patrice, Delphine, Gérard(s), etc.) à ce concept-signe qui fabrique un universel, autrement dit une réalité seulement mentale unifiant en une série les participants du café philo, mais individus par ailleurs uniques. Selon le même principe on passera de Rossinante, Incinatus et Pumpernickel à un universel de cheval, la chevalité.
Mais n’écartons pas l’hypothèse ( et non l’hippothèse) du cheval métaphysique, purement moral ou une fiction de la pure chevalité ; ainsi M Vallorbe inventa 6 nouvelles espèces d’animal qui n’existent pas, dont la Schpramme et la blatte à damier, il passa ainsi à la schprammicité et à la blattité dans l’en-soi seul, sans passer par l’apparence ou le phénomène ; M Vallorbe constitue ainsi une unité mentale appliquée à un rassemblement d’unités éparses, il passe ainsi à une série générique, un signe, en éludant l’expérience d’une singularité unique de la Schpramme et de la blatte à damier, qui bien sûr n’existent pas.
On invente des essences qui n’existent pas, mais on dénie parfois l’existence à des singularités bien présentes ! Ainsi en est-il de l’ornithorynque, ce canard en forme de rat avec une queue de lapin, un genre de mulot qui pond des œufs de poule, animal paradoxal s’il en est, au point que d’aucuns concluent qu’il n’est pas car il est réellement impossible !! Ne le répétez pas à l’ornithorynque car il pourrait en concevoir de l’orgueil !
Surpris par la notion de chevalité, vous n’avez peut-être pas saisi tout l’enjeu de ce renversement. Ce sont pourtant les arrière-mondes du platonisme et bon nombre de questions philosophiques qui se trouvent d’emblée, balayés (6). Même Sartre à la terrasse du « Flore » quand il n’entreprend pas le « Castor » (encore un croisement humain-animal) doit admettre qu’il s’est fatigué pour rien en séparant l’essence et l’existence ! Aucune différence entre les deux car s’il n’existe que du singulier, il n’y a d’essence que du réel. Et même mieux, le possible n’est pas un mode d’être ! Ce qui est simplement pensable n’a aucune réalité. Encore mieux, la question métaphysique centrale de l’“ être en tant qu’être... ” n’a pas à être posée. Le sens du terme “ être ” demeurant radicalement indéterminé, cette interrogation est sans pertinence ni contenu.
En somme le cheval n’a pas été mis en péril dans sa chevalité du seul fait qu’il a servi de substitut à la viande de bœuf, mais du seul fait de cet implacable raisonnement. Nous ne mangeons pas de chevalité mais devons dorénavant assumer notre consommation de cheval sans hypocrisie de l’étiquette. « Nous sommes tous des juifs allemands », cette antienne a été gommée par la nouvelle, « Nous sommes tous des hippophages (17) à notre insu », notre civilisation du XXIème siècle ne pourra vraiment être assise que lorsque nous redécouvrirons la viande de cheval, ouvertement et en toute lucidité.
Apparence de bœuf ou de cheval, de Cheval ou de chevalité, face à la nécessité de manger. Une méthode pour identifier le cadavre de l’espèce que vous vous apprêtez à ingérer avant qu’il ne vous quitte à l’état de matière ou à l’état gazeux.
Laissez Anaxagore de côté et rassurez- vous car nous sommes jugulés par la loi de la nécessité d'être là avec ses incontournables impératifs, et cette nécessité échappe à toute spéculation intellectuelle car il faut bien manger.
Nous devons bien accepter de manger lucidement du cheval malgré les interdits de Brigitte Bardot (16) qui ne peut surmonter la détresse des yeux du futur cadavre équin, mais s’accommode très bien du bœuf au regard bleu et doux et qui va même lécher, d’un mufle palpitant et confiant, la main de son bourreau. Qui saura jamais le mobile de cette tendresse inappropriée, car l’âme d’un bœuf est un labyrinthe.
Car au contraire de l’huître et de la moule le cheval se mange mort. Avant de la hacher on le déferre car les fers émoussent le fil des tranchoirs ; cependant vous pouvez tenter de préparer un bouillon de fer à cheval, et en siroter l’infusion sans avaler le fer qui peut resservir ; d’aucuns affirment que le bouillon de queue de cheval est plus savoureux avec ses yeux qui viennent s’ouvrir à la surface et vous laisse le menton tout gras (en tout cas plus savoureux que le bouillon de boulet ou de pâturon). Après quoi on en fait du saucisson pur porc si l’on ne respecte pas la déontologie bouchère.
Donc pour manger du cheval mort, on l’achète chez le boucher, à la boucherie chevaline s’il en existe encore. La traçabilité n’est pas sûre, car le cheval parle peu et n’écrit jamais car il ne sait pas encore faire des pattes de mouche! Ce qui n’est pas le cas vous en conviendrez de l’âne qui a pu commettre un ouvrage, « Les mémoires d’un âne », en cela il y fut aidé par la comtesse Sophie Rostopchine (9).
Nous en achèterons la viande dans des échoppes ad hoc ornées d’une tête de cheval en or sur fond rouge de sang, voire de chevaux par groupe de quatre qui se cabrent dans le ciel en ouvrant des ailes d’or, ou plus hiératiquement de trois chevaux attelés au char d’apollon. Ce sera le facteur « cheval » (10) appliqué à notre développement et à notre progrès. Déjà nos ancêtres les Huns mangeaient du bœuf préparé sur le dos du cheval, ils l’attendrissaient au rythme de leur arrière-train pendant leur longue chevauchée, et chacun se souvient du majordome d’Attila lui demandant, « Monsieur Attila voulez-vous votre bifteck cuit au trot ou au galop ? » ; cette viande au fumet sauvage procurait des songes étranges et incitait à balbutier des prophéties !
On ne sait pas quels mystérieux échanges de fibres et alchimies subissait la viande de bœuf prise en sandwich entre les fesses du cavalier, la selle et le dos du cheval ? On ne sait pas non plus si Attila et ses Huns qui chevauchaient des pur-sang arabes les aimaient tant au point qu’après les avoir montés, ils pouvaient s’empêcher de les dépecer entièrement en les lacérant de leurs dents redoutables afin d’en extraire le foie et le faux-filet ?
Pour plus de sécurité faites-vous accompagner au rayon boucherie par un expert avec sa mallette de police scientifique propre à débusquer l’ADN équin sous le masque bovin, et ainsi vous serez au fait de la chose en soi bien au-delà des apparences ; cet expert est seul habilité à expliquer et à rapporter les phénomènes à l’ordre du vrai, et ainsi mon steak n’a plus le statut de simple apparence mais acquiert celui d’objet de connaissance avant d’augmenter mon taux d’acide urique. L’expert peut être amené, à l’antipode de la bouche d’absorption, à analyser vos selles afin de voir s’il y a des traces de cheval ou des traces de selle.
J’avais jugé faussement que je voyais un steak de bœuf et l’expert de police judiciaire m’a montré comment porter à sa vérité cette viande de cheval comme elle ne m’apparaissait pas. Très exigeant je ne voulais pas sauver les apparences de « capeletti au bœuf », mais je voulais expliquer et découvrir les « capeletti au cheval » (capeletti n’étant pas la déclinaison du capelet qui n’est autre qu’une tumeur molle à la pointe du jarret du cheval ; d’ailleurs on ne mange pas les parties dures du cheval comme le sabot ou le genou); afin de ne pas compliquer ma démonstration je n’aborderai pas ici «l’œuf ou le steak, à cheval ».
Que le cheval fut de bois ou de Troie implique qu’on ne puisse en trouver trace dans la viande de bœuf comme pourrait le démontrer Gérard « dit le forain » du café philo (8) ; a contrario la mythologie a montré que l’on pouvait aisément mettre de l’humain dans le cheval de Troie non destiné cependant à la consommation. Quoique !! On dit cependant que les guerriers hellènes s’y sentirent aussi à l’aise que Jonas dans sa baleine !
Mais alors en présence de mélange de deux viandes, qui du boeuf ou du cheval est l’arnaqueur ou l’usurpateur en regard des rivières qui se jettent dans une autre ; lorsque deux rivières se rencontrent l’une doit disparaître c’est la capture où le captif perd son identité ; à moins que le bœuf et le cheval mélangés ne deviennent des protéines et des acides aminés indifférenciés comme nous l’avons vu plus haut.
Affinons notre démonstration précédente sur le cheval et la chevalité, car cela nous aidera à faire les courses (les courses au magasin et non les courses hippiques, cela va de soi !). Donc reprenons pour mieux comprendre les recoupements apparents de réalité.
Que savons-nous du cheval, est-il encore un noumène selon Kant ? De cela nous ne saurons jamais rien car nous ne connaissons que la chose telle qu’elle nous apparaît, le phénomène. Le langage et notre perception ce sont l’étiquette que nous mettons sur la viande, bien loin du cheval et de la chevalité !
Nous avons une perception de l’espace et du temps, le cheval est ce qu’il est pour nous dans tel endroit ou à tel moment. Alors étonnez-vous que le cheval rit et hennisse quand nous parlons de lui, car lui seul sait qui il est en lui-même et que l’homme ne peut connaître, qu’il soit cavalier, boucher ou consommateur.
Le phénomène n’est pas la réalité absolue mais il n’est pas que l’apparence, cela diffère de la chose en soi telle qu’elle est ; cette différence ontologique ne fait pas du phénomène quelque chose de faux et de trompeur !
De l’apparence expliquée on construit le phénomène, ainsi de l’apparence de plats à base de viande de bœuf nous pouvons par l’étude parvenir au phénomène de viande de cheval, mais pas encore de chevalité.
J’entends mes amis chanter « Il est vraiment phénoménal !!», car je n’adhère plus de manière trompeuse à mes observations, maintenant j’ai accès à une connaissance acquise après un gros effort scientifique. C’est donc de mon contrôle expérimental en faisant mes courses, assisté d’un expert de police scientifique que je vérifie et consolide toutes les hypothèses.
Mais me direz-vous, qu’en est-il de ceux qui n’ont ni la même prévention, ni les mêmes protocoles scientifiques d’approche que moi, sont-ils dans l’erreur, faut-il les doter d’un guide des égarés ? Non bien sûr ! Nous savons que les apparences sont trompeuses et créent en nous des illusions, une illusion étant une déformation inévitable de ce qui est, elle est le fait de nos sens ; à la différence de l’erreur, l’illusion est inévitable, incorrigible et persistante.
Pour en revenir à notre démonstration bouchère, si l’apparence est fausse ce n’est pas en raison d’une fausseté inhérente à l’étiquette « raviolis de bœuf », ni à la vérité inhérente des « raviolis de cheval » sous-jacents ; nous devons nous entretenir avec notre boucher, droit dans les yeux, et lui proposer une explication des apparences afin qu’il élabore les données de ses sens de telle sorte que les choses qui lui apparaissent sur son étal n’aient plus le statut de simples apparences, mais acquièrent celui d’objet de connaissance ! Si la file d’attente n’est pas trop longue vous pouvez même hasarder la progression du discours vers l’hypothétique notion de chevalité, vous aurez ainsi fait œuvre de maïeutique socratique et votre boucher se sera élevé d’un cran dans la hiérarchie des espèces. Mais attention toutefois, il risque de monter sur ses grands chevaux si vous êtes trop à cheval sur les notions de bifteck et de rosbif.
En conclusion, le cheval n’a pas été mis en péril dans sa chevalité du seul fait qu’il a servi de substitut à la viande de bœuf, mais du seul fait du déroulé de cet implacable raisonnement. Cependant, à la manière de mon compatriote de la région Centre Alexandre Vialatte (14) ancien chroniqueur au journal « la Montagne », nous sommes autorisés à l’affirmer. Que (15) le cheval est irréfutable car il remonte à la plus haute Antiquité, au point que Caligula fit du sien, Incinatus, un sous-préfet !
Rappelons tout de même aux étourdis qu’Epona, la seule déesse gauloise intégrée dans le panthéon romain, était représentée en compagnie d’un cheval, d’ailleurs son nom était lié au cheval, epos en gaulois ; cependant les Gaulois qui combattirent à l’étranger découvrirent les grands chevaux méditerranéens, différents des chevaux indigènes qui correspondaient aux doubles-poneys actuels ; c’est pour cela que la gauloise Brigitte Bardot a un lien très fort avec le cheval, animal psychopompe, dont l’un des rôles était d'escorter les âmes des défunts, à l’égal des autres conducteurs d’âmes dans l’au-delà comme Hermès, Charon et Apollon, s’il vous plaît !!
Gérard C…….mars 2013
(1) Noumène : Chez Kant, le noumène est la chose en soi, que l’homme ne peut connaître car il ne connait que la chose telle qu’elle lui apparaît.
(2) Phénomène : Ce qui est perçu par l’homme et, donc, situé dans l’espace et le temps. Au sens kantien, les phénomènes, les choses telles qu’elles sont pour l’homme (toute chose est à un endroit et à un moment), sont opposées aux noumènes, les choses telles qu’elles sont en elles-mêmes et que l’homme ne peut connaître.
(3) l'extinction du dodo est généralement datée de la dernière observation confirmée d'un représentant de l'espèce, par le marin Volkert Evertsz en 1662
(4) Anaxagore, philosophe grec du VII ème siècle avant JC, cité par Jacques Lacarrières..
(5) Le centaure Nessos faisait passer les voyageurs sur l’autre rive du fleuve Evénos. Héraclès se couvrit d’une tunique blanche de cérémonie, après que Déjanire l’eut trempée dans le sang de Nessos, un poison lui causa des douleurs atroces au point de vouloir en finir sur un bûcher.
(6) Réflexion amorcée par le philosophe anglais Guillaume d'Ockham. 1285-1347.
(7) Pholos, centaure qui fut tué en jouant avec l’arc d’Héraclès après une beuverie avec ce dernier.
(8) Gérard2 « dit le forain », membre historique du café philo nous a confirmé qu’on ne peut mélanger du cheval de bois des manèges avec de la viande de bœuf, fut-il sur le toit pour un effet bœuf.
(9) Comtesse Rostopchine, dite la comtesse de Ségur comme vous l’aviez deviné.
(10) A ne pas confondre avec le facteur Cheval Ferdinand qui entre deux tournées de distribution dans son département de la Drôme construisit son « Palais idéal » et son tombeau d’où un cheval cabré sort de l’hypogée (et non de l’hippogée).
(11) Ugolin Della Gherardesca, tyran de Pise au XIIIème siècle, fut enfermé dans une tour avec ses enfants pour y mourir de faim.
(12) Une étude intéressante sur l’« ontologie des cons » peut être consultée sur internet, rubrique « Philousophe » retraçant les travaux du café philo de Strasbourg qui envisage « l’être et le devenir con ».
(13) Dixit le professeur Albert Jacquard, célèbre généticien et biologiste.
(14) Alexandre Vialatte 1901-1971, chroniqueur au journal « la Montagne » de 1950 à 1971, il est aussi connu pour avoir traduit Kafka en français et l’avoir vulgarisé à partir de 1933.Avec Vialatte l’absurde prend la couleur de l’irréfutable, dans un délire d’érudition et une rage des rapprochements.
(15) Figure de style empruntée à Alexandre Vialatte, qui consiste à ajouter compléments ou subordonnées, après un point, à la phrase que l’on croyait terminée.
(16) Bardot ou bardeau, mulet produit par l’accouplement d’un cheval et d’une ânesse et se révélant stérile ; il n’y a pas de tiers « en-soi » de créé, d’où la nécessité de recourir à chaque fois à l’ « en-soi » de cheval ou d’ânesse. Brigitte Bardot se rendit célèbre pour avoir castré les ânes de ses voisins, opération au cours de laquelle, à plusieurs reprises, elle se cassa les phalanges de doigts avec les briques, ses outils de la castration.
(17) Voir les dessins que Ronald Searle consacra aux hippophages.
(18) Certains membres cependant comme Gérard3 « dit le boulanger », s’étonnent qu’on reste sourd, car en 2500 ans l’Homme n’a pas encore été foutu d’entendre Socrate ! Ni le Christ d’ailleurs !
(19) Sachez que les six corbeaux de la Tour de Londres touchent pour leur viande de cheval, deux shillings et quatre pence par semaine, et cela depuis Henri VIII !!
(20) Rappelez-vous ce fameux joueur de flûte allemand de Hameln qui amenait les rats qui le suivaient à se jeter dans le Rhin ; il fut imité récemment par un chinois qui réussit à entraîner 3000 cochons dans la rivière Hangpou en amont de Shangaï, ces cochons qui n’ont pas été assez forts pour échapper à la fois au remède et à la maladie ! Imaginez un fleuve vivant, des coulées roses de bêtes, une rivière Hangpou de porcs grossie de ses affluents ! Une vague ‘rose au point’ de faire concurrence au fleuve rouge ! De la côte de porcs parvenant aux ports de la côte de la mer de Chine! Il est vrai que l’horoscope chinois est sous le signe du cochon en 2013, donc favorable à DSK.
(21) Néo-Dada : bien sûr en hommage à Hans Arp. Mais un cheval Dada ou néo-Dada existe-t-il ?
Lettre du Père Noël (ou le Père Noël croit-il encore aux enfants ?)
Mes chers Amis,
Je ne crois plus aux enfants. Je dirai même que les enfants, en fait, n'existent plus.
Bien entendu, les humains ont une progéniture, une descendance, des petits, des mouflets, des nains, des chiards et des modèles réduits de consommateurs.
L'« enfance » est un phénomène de nature, la première période de la vie humaine, mais l'« enfant », tel que vous le concevez aujourd’hui, n'est lui qu'un phénomène de culture récent auquel je ne crois pas. L’enfance du petit d’homme était celle d’un être se développant entre les exigences naturelles de son état d’enfance, la confrontation à l’existence humaine, et les contraintes culturelles de sa société de naissance.
L’état d’enfance c’était un apprentissage, une éducation qui devait lui permettre de prendre la place qui lui était dévolue dans un ensemble, en se soumettant à l'autorité.
J’avais ma place dans ce monde de l’enfance, père universel de substitution, père bonhomme ou père fouettard, père sans enfants et sans parents, père non-géniteur, comme un Père adoptif de tous les enfants. Les psys disent de moi que je suis une figure non conflictuelle du père œdipien, et que la fin de la croyance au Père Noël coïncide avec la fin de la phase œdipienne du développement de la personnalité de l’enfance. La Poste comme assistante du Père Noël dans sa mission de distribution du courrier, sa médiation avec lui, et sa sous-traitance en termes de réponse formatées, exerce un droit d’ingérence dans les familles ; la Poste fait donc droit à ce père de substitution qui double tous les géniteurs, comme le firent Staline le petit père des peuples ou Attaturk le père de tous les turcs.
Or les instances éducatrices ont explosé. L’enfance est perçue maintenant, non comme l’apprentissage à l’appartenance à un groupe de référence, mais comme la préparation à une juxtaposition de légitimités individuelles. Le conflit a ripé de l’ordre social au registre du désir. Toute contrariété est vécue comme une injustice insupportable. L’absence de valeurs communes est patent, la parole de chacun ayant le même poids. Mais je n'y suis pour rien, et je ne reconnais pas ces chiards hurlant dans les supermarchés à s'en faire péter les cordes vocales parce que les parents n'ont pas déposé dans le chariot la boîte colorée inutile qui passe à la télé. Voilà ce que vous avez fait de votre descendance en lui attribuant le statut d'enfants », c'est à dire d'adultes en miniature. (Tant dans les comportements que dans les vêtements).
Non, je ne crois plus aux enfants.
On a dit que j'étais un phénomène de laïcisation, que dans l'école laïque, dans les mairies, je remplaçais la crèche alors que les bœufs y accrochent encore le portrait de l'âne. Les chrétiens célèbrent à Noël la naissance de Jésus Christ qui, non seulement était fils de Dieu, (encore un fils à papa ! Ontologique, historique ou sautériologique) mais aussi d'excellente famille du côté de sa mère. Ce Jésus est né dans une étable, parce qu’à l’époque, déjà, certains propriétaires refusaient de louer aux Juifs. Est-ce pour cela qu'il n'y a pas de crèches dans les mairies?
Pour commémorer cette naissance, certains mettent un petit Jésus dans la crèche, alors que d’autres préfèrent que ce soit le Père Noël qui entre dans la cheminée.
J'ai pu être perçu sous bien des formes, mais toujours je faisais des cadeaux, un don gratuit à l'enfance, alors que vous en avez fait une obligation, m'ôtant même le choix du cadeau pour le laisser à ces affreux moutards, dont l'appétit n'est jamais satisfait.
Mais si Noël a une histoire, cette fête conviviale fait, de nos jours, oublier le passé, ne s’occupe pas de l’avenir et ne s’intéresse qu’aux présents.
Le don correspond à un rituel dans les sociétés tribales.
Le cadeau, qui semble consenti et libre, est en réalité une contrainte sociale et définit un rapport proche de l’agression, qui exige, en réciprocité un contre-don. Je sers à éviter que chacun se sente en dette, à éviter la nuisance du potlatch, l’obligation de donner, celle de recevoir et celle de rendre encore plus.
Mais ces enfants- là, n'ont plus ce problème.
On a dit que j'étais une création historique récente. Il y a toujours eu des fêtes où l’on faisait des cadeaux aux enfants. Mais l’économie des dons/contre-dons au sein de la famille apprend à l’enfant à avoir des demandes matérielles, à formuler ces demandes (la lettre au Père Noël, et souvenons-nous déjà pendant la 2ème guerre mondiale !! La plus belle lettre au père Noël aura permis à un père prisonnier en Allemagne de rentrer chez lui pour les fêtes, mais seulement pour les fêtes.) : bref, il est éduqué à désirer obtenir des biens matériels, et à les recevoir " magiquement " d'une " main invisible ".
Lorsqu’il reçoit ce qu’il a demandé, lorsqu’il est comblé, l’enfant ne se sent pas en dette d’un contre-don impossible à l’égard de ses parents. On a fait de moi l’opium des enfants, les aliénant à une appartenance à un âge de simili adultes, écartant tout apprentissage à la difficulté et au travail nécessaire à obtenir quelque chose. Non, je ne crois pas à ces « enfants ».
On a dit que j'étais un phénomène de paganisation, une fête moderne, inventée par les américains avec des caractères archaïques, alors que le prétexte païen à la réalisation d'un diner frugal de victuailles hypercaloriques et hyper glycémiques, se retrouve en fait quelques jours plus tard, au Nouvel An. Sur le plan darwinien j’ai beaucoup évolué, depuis ma figure de Saint-Nicolas porteur de la lumière du Christ, le Weihnachtsmann vert et enfin le Santa Klaus rondouillard et rouge, sans compter qu’à Strasbourg le Père Noël est une fille Christskindel émanation de sainte Lucie.
Mais où est l'enfance dans tout ça?
La vérité, c'est que je suis utilisé comme prétexte à la sanctuarisation de l'enfance, ce mouvement qui fait de la progéniture de l'homme, du fruit de l'homme, un « enfant », un être indépendant. Je sers à justifier le passage de la notion de progéniture à celle d'enfant, d'un état naturel, celui d' « infans », celui qui ne parle pas, au concept d' « enfant », auquel je ne crois pas, en fait un enfant gestionnaire à partir de 2 ans, qu’on en juge :
. L’enfant doit établir et écrire sa liste de cadeaux, il doit gérer son Noël et créer son service d’achat, et cela sans concurrence car seul le Père Noël est labellisé et référencé.
. L’enfant doit rédiger son Contrat avec le Père Noël, ce dernier sera-t-il performant ? Il doit envisager des clauses synallagmatiques et des clauses de résolution.
. L’enfant doit faire une étude de marché et porter les spécifications techniques et la marque des jouets souhaités, négocier des garanties et des contrats de maintenance. Certes la négociation tarifaire n’est pas de mise en raison de la gratuité consentie par le fournisseur magique et personnage de contes. Cela évite la nomination d’un commissaire aux « contes ».
. L’enfant doit mettre en place une stratégie de négociation avec le Père Noël, argumentée sur des résultats scolaires ou sur des promesses à venir, c’est bien d’un véritable management de performance, voire un management de projet dont il s’agit; Quoique parfois je reçoive de simples demande ou commande non argumentées.
. L’enfant doit s’astreindre à de la rédaction administrative très codifiée, pour faire une lettre de recommandation de lui-même, avec le programme d’action et pense que, moi le Père Noël, peut réaliser cette performance comme l’enfant, la sienne.
Savez-vous qui a officialisé ce mouvement?
Françoise Dolto, la sœur de jacques Marette ministre des Postes : « Notre rôle de psychanalyste, n’est pas de désirer quelque chose pour quelqu’un mais d’être celui grâce auquel il peut advenir à son désir. ». Elle considérait que les enfants de un an disposent, à leur manière, d’une pleine intelligence des choses. Ce faisant, elle les sortait de leur statut social d’infans, étymologiquement celui qui n’a pas droit à la parole, pour le définir comme un être de langage, avant même qu’il ne sache parler. Mais dès lors qu'il sait hurler.
Pour officialiser ce changement de statut, c'est elle qui a mis en place, avec la Poste, la fameuse lettre au Père Noël... Le schéma narratif est bien connu, il met en évidence la figure bienveillante du Père Noël qui a beaucoup de travail, le Père Noël a aussi un profil fouettard et demande aux enfants s’ils ont été sages, le Père Noël est aussi déraisonnable et permissif qui récompense les caprices de l’enfant, le Père Noël est un enfant lui-même, un peu fou fou, et enfin le Père Noël peut être aussi oublieux, à partir d’un certain âge il sera révélé et ce sera la fin de l’innocence. Je connais bien ce processus et le respecte à la lettre comme on dit à la Poste.
On a dit que j'étais un mensonge social par la question de l’origine des cadeaux de Noël.. D’abord Noël arrive toujours quand les magasins sont bondés, et les commerçants auraient été bien plus inspirés de choisir une autre date. Fixer la date au mois de Juillet aurait aussi permis que j'évolue enfin dans des cheminées éteintes. Sans parler de la température extérieure : Noël au balcon, enrhumé comme un « con ».
Les adultes mentent sur mon existence (mensonge primaire) puis sur toutes les conséquences logiques de ce mensonge (mensonges secondaires), telles que les caractéristiques de mon personnage, les éventuelles contradictions avec la réalité (par exemple : absence d’une cheminée dans l’appartement).Or tout mensonge est immoral selon Kant : le fondement de toute morale repose sur l’impératif catégorique selon lequel chacun doit agir uniquement d’après une maxime dont il peut en même temps vouloir qu’elle devienne une loi universelle. On ne peut pas mentir sans accepter que l’on nous mente en retour,. Abuser de la crédulité de l’enfant est toujours immoral : personne ne devrait jamais se le permettre.
Mais l'enfant aussi est un mensonge social. Abuser de la crédulité des adultes également : s'ils ne croient plus au père Noël, néanmoins, ils votent,.
- On a dit que je représentais la laïcisation d'une fête chrétienne, alors que j’existais, sous des aspects divers, bien avant la naissance, comme dit Desproges, du « célèbre illusionniste palestinien ».
Or j’incarne un principe de plaisir magique plus puissant que le principe de réalité. Dans un quotidien structuré et banal j’ai toujours apporté une dimension magique dans un monde de plus en plus désenchanté
Dans une société traditionnelle baignant dans l’enchantement du monde, où les dieux et les esprits se devinent derrière chaque objet, je n’étais que l’une des figures de la magie qui baigne toutes choses.
Figure mythologique forte, médiateur entre la terre et les cieux, avatar de dieu, un Hermès dont la hotte est une corne d’abondance je permettais d’apercevoir la munificence d’un paradis comblant tous les désirs…
La laïcité interdit-elle le rêve ? Ou ne l'interdit-elle qu'à l'enfance qui se doit d'être raisonnable?
Alors les parents restent très attachés à moi : dans le bonheur de leurs enfants, ils retrouvent le leur, celui d’une croyance, d'un fantasme archaïque, en un lieu et un temps qui satisfait tout, d’un parent qui comble à jamais le manque et éteint tout désir.
Je suis le seul lien entre l'enfant rationnel créé par nos sociétés et le monde magique de l'enfance ou tout ce qui se produit est nouveau, un miracle, sans cause logique. Les adultes ont besoin de moi pour maintenir le lien de leur enfant avec l'enfance. Plus l'enfant sera considéré comme une entité sensée et indépendante, plus les adultes auront besoin de moi. Mais pas les enfants. Je crois en les adultes, je ne crois plus aux enfants.
Mais je suis tout prêt à perpétuer la tradition, à respecter les croyances de l’enfant, quand celles-là lui permettent de se construire et de faire son apprentissage, à lui transmettre les valeurs de partage et de travail, même dans votre société financiarisée et qui rêve d’entreprises sans salariés..
J’attire votre attention sur des errements que j’ai pu constater dans vos opérations de marketing où je fus représenté avec un nez de clown, je suis très soucieux des représentations de mon image, car c’est sérieux il faut respecter les valeurs. Et surtout ne tentez plus de me brûler comme à Dijon en 1951 sur le parvis de la cathédrale, pour fait de paganisme !!
J’ai mon alliée la Poste qui doit donner du sens, surtout pour les enfants en solitude ; mais sans l’aspect religieux mon personnage devient plus artificiel et prescripteur commercial, mais je veux continuer à rétablir la sérénité dans les familles et rendre les enfants plus sages. En fait on demande la sagesse aux enfants car les adultes n’en auraient plus la compétence.
Je m’arrangerai pour tenir l’engagements de mes transactions invisibles, mon parcours haut le pied sera millimétré tout en préservant mon habit rouge, rouge comme le sacrifice du Christ, et ma prime de panier étant insuffisante, je compte sur vous les enfants pour me sustenter en friandise, lait et toutes nourritures roboratives, que vous poserez au bord de la cheminée, votre boîte cidex à vous les enfants. N’oubliez pas non plus mes rennes qui sont au nombre de 9, le dernier attelé pour me servir de guide dans mes voyages dans le ciel, et n’hésitez pas à déposer des carottes ou tourteaux de soja afin qu’ils demeurent robustes et ne succombent pas à une quelconque fièvre, aphteuse ou acheteuse ;
Je suis l’archétype de l’avent, celui qui vient à l’issue d’une longue attente et non moins longue patience. Je sais qu’avant moi on a envoyé tant de courriers désespérés dont on n’attendait jamais de réponse, car nous n’avions pas alors de passeurs culturels, de passeur d’intelligence et de coeur, mais j’en suis sûr maintenant, jamais cette lettre que nous m’envoyez aujourd’hui n’atteindra ma destination avec autant d’adresse !! J’ai entendu vos voix sans visage ! Et vous mes anciens amis, rassurez-vous, vous serez enfin les réceptionnaires du colis dont vous aviez à grand peine arraché le bon de livraison au prix de d’efforts terribles de vos difficiles et lointaines années d’innocence.
Pour m’adresser votre courrier, n’ayez crainte qu’il n’arrive pas car comme le Christ j’ai le don d’ubiquité ; j’ habite dans une forêt allemande, ou au pôle Nord où j’ai ma fabrique de jouets installée dans la glace, mais j’ai aussi des succursales car au pôle Nord je ne peux pas nourrir les rennes, alors j’ai des adresses CEDEX en Finlande à Rovaniemi, à Oslo chez mes amis norvégiens, au nord – ouest du Canada et même en Sibérie chez mon ami le père Gel tout là-bas !! J’ai préparé un dossier pour installer mon siège principal à Strasbourg, la capitale de Noël, mais l’instruction sera longue car cette ville est toujours engluée par les batailles de siège. Quoiqu’il en soit, candidats aux cadeaux saisissez-vous d’une plume ou d’un clavier et inscrivez votre Désir afin qu’il ne vous manque plus rien, et postez votre lettre écrite, illustrée de votre main ou de collages de catalogue et la Poste fera le reste.
Chers amis, ne soyez pas surpris de recevoir une lettre du père Noël, il me fallait écrire car je me sentais las de n’avoir qu’à lire et à confectionner des colis.
P /0 le Père Noël
Est-on libre de ne pas être con ?
I- En préambule soulignons la pauvreté sémantique et générique du mot, « con ! »
Attribuer l’appellation « con » à quelqu’un ou à soi-même, oui, mais tant qu’à faire avec des mots qui ne manquent pas de jus pour ne pas être trop génériques,
. Le mot « con » n’est pas très défoulant pour l’envoyeur, car il cerne mal sa victime.
. Le mot « con » n’est pas très réactif ou motivant pour le destinataire, qui se sent peu identifié.
Alors qu’il nous faut être créatif : C’est un honneur pour un « con » que d’être traité de : demeuré, , lobotomisé, décérébré, baltringue, blatte, bouliste, barge, mickey, déjanté, délatté, bouffon, glob, streum, rhala flippé, disjoncté…
II- Une approche en trois points des critères de l’état ou de l’agir « con »
En effet on peut s’estimer être « con » ou les autres nous juger comme tel, sans qu’on le soit réellement, ou inversement se croire génial alors qu’on est « con », il nous faut donc un référentiel sachant que deux phénomènes de base et d’expérience se posent à nous :
. Soit on est juste assez « con » pour se rendre compte que l’on est « con », et cela est douloureux mais on peut user de notre volonté et liberté afin de nous améliorer.
. Soit on est tellement « con » que l’on ne se rend plus compte que l’on est « con », et cela est confortable mais peu propice à une amélioration, et l’on mourra avec.
Approfondissons donc en trois points le concept de « con :
II- 1 Un questionnaire simple de 10 items pour vous aider à vous situer
.Quelqu’un d’autorisé (comme Sarkozy par exemple) vous a –t-il traité de con (ou taxé d’un élitiste pauvre con !) ?
.Votre carte d’identité porte-telle comme signe particulier, « con » ?
. Votre coiffeur vous fait-il payer un supplément car vous avez une tête de con ?
. Préférez-vous être con et tranquille toute votre vie ou avoir les soucis d’Eric Woerth ?
. Préféreriez-vous être volontaire pour bombarder l’Afghanistan ou volontaire pour prendre les bombes sur la gueule ?
. Avez-vous déjà eu envie d’éradiquer tous les cons pour rester seul au monde ?
. Votre grand-père avait-il souscrit des emprunts russes, votre père des actions d’Eurotunnel et vous-même des comptes Madoff ou Wash-Wash ?
. Auriez-vous fait la différence entre une cabine de douche et une chambre à gaz ?
. Préfèreriez-vous mourir fièrement pour la patrie ou déserter avec un peu de honte ?
. Quand on crie « Hé Ducon » dans la foule, vous retournez-vous ?
Chacun selon ses réponses établira de lui-même un diagnostic lucide et sincère, et prendra les mesures correctives appropriées si nécessaire, aucune cotation ni empans docimologiques ne sont fournis.
II-2 Etre « con » ou jouir d’une liberté intrinsèque dont on n’use pas
A la naissance nous avons été livrés avec une Raison, une capacité de vivre en intelligence avec les choses et nos semblables, et enfin avec un potentiel de bon sens.
Nous émargerions donc à la catégorie « con », dès lors que nous n’utiliserions plus, par paresse, manque de volonté ou d’exigence, manque d’exercice de notre intelligence, ce formidable appareillage pour :
. Ne pas raisonner et juger, et adopter la première opinion venue.
. Ne pas se déterminer seul, mais suivre le premier mouvement de masse venu.
. Ne pas savoir écouter son bon sens ou le bon sens, et penser et agir en dépit du bon sens.
. Ne pas avoir une attitude réfléchie et pondérée, pour adopter un agir méchant ou légumier.
II-3 Etre « con » : N’être pas conforme à un référentiel de civilisation ?
« Quand l’homme cessa d’être singe, il fut con » dit le philosophe Cavanna, la chute du pêché originel nous éloigne de l’intelligence instinctive, ce qui signifie que la civilisation peut être œuvre de con et anti-naturelle, nous autres vainqueurs et seuls sur la planète qu’on épuise !! Et nous sommes jugés « con » par rapport à des valeurs de Raison universelle, si nous incarnons mal ces valeurs pour être imbécile, idiot, inapte au bon sens, inepte…..
Et par anthropomorphisme suraigu nous appliquons ces valeurs de Raison aux choses, (« con » comme un balai) ou aux animaux (« con » comme un chien corniaud) ; Mais ces choses et ces animaux ont-ils la liberté de transiger avec leurs valeurs instinctives de l’espèce ? L’homme juge avec son référentiel ce qui répond à un autre référentiel.
Dans ce cadre de civilisation, nous avons le loisir d’épuiser la notion de « con », pour incarner le con qui vote, qui paie, qui quête le bonheur sous Prozac, qui consomme par Désir détourné, qui croit connement que la femme est l’avenir de l’homme, qui mange 5 fruits et légumes par jour, qui doit boire quand il fait chaud, qui meurt pour l’Alsace-Lorraine, qui éructe ou pleure devant un journal d’informations fabriquées, qui tue pour l’Afghanistan, qui trie ses déchets, qui croit que l’IRPP est progressif par tranche, qui plastronne en con universel et triomphant, en con moral, en con féroce….en con fort de ses droits de con…..
Mais les « cons » que nous sommes, en permanence ou par intermittence, par suivisme et mouvement de masse, changent toutes les valeurs en « merde»:
. L’amour devient mélo
. La bonté devient connerie ou faiblesse
. La science devient gadget
. La distinction devient quant à soi
. La danse de village devient folklore
. L’assassin Eichmann devient finalement kantien
. Le Bon Dieu devient censeur
. L’amour de son village devient nationalisme
. La belle fille devient starlette
. Le facteur devient préposé
. La philo devient consolatrice et palliative de la souffrance actuelle
. Le moindre film ou livre inepte devient « culte » en deux mois
Et bardés de notre connerie, avec certitude, sans accès au doute et sans la moindre intelligence avec le milieu ou nos semblables, nous sommes prêts à tous les lynchages, les vindictes, les pogroms, les vaches sacrées, les croisades, la censure, les cimetières pour chien, l’inquisition, les sciences occultes, le napalm, l’apartheid, la grande peur du voile et de l’islam, les réchauffeurs de planète, la chasse à l’étranger ou à l’immigré….Pour résumer écoutons Léo Ferré dans son Requiem, soulignant le manque paradoxal de lien d’intelligence avec autrui, « ces milliards de cons qui font la solitude ».
III- De l’homonymie entre le statut de « con » et le « con » désignant le sexe de la femme
En effet quel lien établit-on entre le nom du sexe de la femme et l’individu « con » ? L’individu demeuré proche, à se confondre, avec l’organe de la femme qui l’a engendré et avec lequel il semble encore s’identifier, montrerait qu’il stagne à cette imperfection de l’origine, sans tendre vers une fin plus élevée en conscience. Demeurer « con » constitue-t-il une fin subjective en soi, ou devons-nous par destination tendre à atteindre une autre fin plus élevée, comme exercice normal de notre liberté ?
* *
Nous n’avons pas épuisé le concept de « con » et même le verbe « déconner », est-ce traduire que l’on a joué au « con » sans en être dupe juste pour abuser l’interlocuteur (dé-conner au sens d’être hors de la connerie), ou n’est-ce pas plutôt prendre une fausse distance par rapport à sa connerie réelle ? C’est en tout cas signifier qu’on peut être libre de ne pas être con, mais est-ce si sûr car ce sont les autres qui jugent.
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Le temps de Noël n’est pas logique !!
On avait la main invisible du marché, la main invisible du footballeur Thierry Henri, et en cette période, les forces surnaturelles reprennent le dessus !!
Moi qui tente de m’imprégner de logique d’Aristote et de Descartes, je me sens retomber dans le paganisme celte et le christianisme primitif !! Tout n’est plus que ruminement de la nature que nous ne sommes finalement pas parvenu à apprivoiser !!
.Dans le Temps de l’avent nous sommes tous des devins, on voit ce qui va advenir en interrogeant le destin, pour les récoltes, les promis au mariage, le dépistage des sorciers…. L’homme se défait de sa logique pour amadouer les forces de la nature ….et que je te pose des devinettes comme s’il s’agissait en cette fin de cycle, certes sur le mode poétique, de re-créer le cosmos pour la nième fois à partir du chaos !!
. Et chacun se veut magicien ou méchant sorcier, prompt à obtenir en plein hiver les roses de mai, de Noël ou de Jéricho, voire même des rameaux fleuris, par la seule puissance de son souvenir !! Et pourquoi pas des fraises à Noël ?
. Et c’est quoi ça d’envisager même de marier sa fille à un serpent même pas transformé en humain comme dans la Belle et la Bête !! Comment admettre que cette jeune fille puisse aimer et convoler avec un inhumain ? C’est du rhésus étranger qui renforce certes, mais à quel prix !!
. On balance sans cesse entre le Bien et le Mal dans une éthique flottante, entre la pomme du pêché et le bredele de l’hostie non consacrée, la récompense ou la punition des enfants…
. Les animaux parlent la nuit et prédisent l’avenir car ils ont été dotés de parole en souvenir des bons offices envers le Christ, manifestations surnaturelles qui font mentir Descartes. Les animaux disent la Vérité mais il est fait défense à l’homme de les entendre. C’est quoi ça, la réunion et l’unité de la nature ? Est-ce l’animal parvenant au stade humain de la parole ou l’humain redevenu animal ?
. Toutes les lois et l’ordre sont brouillés et remis en cause, c’est un véritable hiatus entre deux cycles, une intolérable période de non-droit, tout est en suspension pendant 12 jours.
. Période sainte mais aussi avec des nuits effrayantes, nous ne sommes plus sûrs de rien !! Ca sent les saturnales de tous les excès, mais de Saturne qui dévore ses enfants on passe au Père Noël bien trop bienfaisant à mon goût.
. Et c’est quoi cette manie d’envoyer des jeunes filles en déshabillé dans la forêt en pleine froidure, pour aller quémander leur destin nuptial à des forces surnaturelles ? Le contact avec le froid serait-il nécessaire pour devenir adulte ? Et pourquoi pas le contact avec le chaud, comme Jeanne sur le bûcher au solstice d’été.
. L’ici-bas et l’au-delà sont perméables, les morts menacent de revenir à la faveur de la nuit qui gagne sur le jour, il leur faut des cadeaux pour rester où ils sont. D’habitude on prie pour les morts, mais là on prie les morts de ne pas revenir !!
. Le Père Noël distribue des jouets venus de l’au-delà ; Il est masqué et costumé mais il a parfois la voix rauque et connue de la voisine. L’Alsace est la seule région où le père Noël est une fille, Chistkindel avatar androgyne de Ste Lucie venue de Sicile, pour distribuer des cadeaux !!
. C’est quoi cette autorisation donnée au père Noël d’entrer de nuit et par effraction dans nos habitations, sous prétexte de nous faire des dons anonymes ? De la violation de domicile sous le couvert d’une pensée magique débilitante et infantilisante !!
.C’est la période des contes et des mythes, l’obscurantisme, l’animisme prévalent, ça fait un peu fin de siècle des lumières bien tamisées !! Socrate réveille-toi on est devenu flou ! .
. C’est le temps des mages plus que des sages, c’est la venue des avatars qui connaissent les prédictions. Ils apportent des cadeaux de naissance bizarres, imaginez qu’à la naissance de votre petit-fils vous veniez à la maternité avec de l’or de l’encens et de la myrrhe !!
.On s’interroge, que faire des Vieux sages ? les faire disparaître en forêt ou les protéger ? . Les ancêtres sont bienveillants et de bons esprits mais aussi malveillants, et nos parents déguisés en père Noël s’affublent du masque de ces ancêtres disparus le temps de ces folles nuits. Bizarrement la sagesse des vieux doit passer par les jeunes.
.On ne symbolise pas, on ne rationalise pas mais on re-créé les scènes primitives, on rejoue les mystères dont celui de la crèche avec des êtres vivants. On ne sait même pas si le Christ est matériellement dans la crèche ou dans l’eucharistie.
.On ne connaît pas le statut du père Joseph, est-il le père terrestre adoptif, ou a-t-il procuration de Dieu ? Son corps est ici mais sa tête ailleurs, Il est présent matériellement mais pas très spirituellement.
. Et puis c’est quoi ce père Joseph qui ne semble agir que sur injonction, injonction de qui ? « Tu emmèneras ta femme accoucher dans une mangeoire, puis tu la mettras sur un âne pour aller en Egypte… », ça ressemble à quoi ça ? Est-ce que c’est digne de la condition féminine ?
.Marie la parturiente est soit représentée couchée ou soit agenouillée, j’ai rarement vu une accouchée agenouillée devant son enfant
.Jésus naît fils de l‘homme le 25 décembre mais le 6 janvier il naît fils de Dieu avec l’épiphanie! Sans compter qu’il va ressusciter, alors ça sert à quoi de faire mourir les gens si c’est pour les ressusciter ?
Finalement en ce temps d’hiver on joue à se faire peur, car on sait que la nature va reverdir, et même le Christ sait déjà qu’il va ressusciter.
Nous sommes dans un sentiment d’attente, une sensation cosmique, plus émotive que cérébrale, et plus mythique que logique. Au fond de la nuit noire, naît malgré tout l’espérance
Gérard
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Preuve et préjugés
« La liberté est un préjugé bourgeois pour Staline, mais l'égalité n'est qu'un préjugé de prolétaire « M.Sachs
Le préjugé est ce qui a été jugé avant toute réflexion, avant l'attitude philosophique du doute, c'est une croyance non raisonnée, une opinion préconçue, un parti pris, une idée reçue.
Il est imposé à l'esprit par le milieu, l'époque, l'éducation, la tradition et se réfère à des lieux communs considérés indubitables parce qu'universellement imposés
Le préjugé compense l'absence de repères, permet de s'agripper à des "certitudes" établies.
Le préjugé c'est le confort dans l'ignorance.
« La dignité de l'homme s'exprime par le travail : c'est faux, l'argent lui suffirait « Coluche
Le présupposé permet, à partir d'une hypothèse non vérifiée, d'établir un cheminement qui démontrera ou non, la pertinence de l'idée, et ouvre le champ de la connaissance.
Il convient à ce propos de féliciter les physiciens quantiques qui sont comme des aveugles dans une chambre obscure cherchant un chat noir qui n'est pas là.
Le préjugé est au contraire enfermement des autres et du savoir dans ce que l'on veut avoir comme image du monde.
La philosophie est l'arme la plus appropriée pour chasser les préjugés.
Philosopher, c'est ne pas se conformer à ce que tout le monde dit, pense ou fait mais faire preuve de scepticisme
et donc de lucidité.
* * *
La preuve est un fait ou une pensée qui atteste la vérité d'un autre fait ou d'une autre pensée, mais ce n'est qu'une expérience ou une démonstration qui met fin au doute.
« C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort » .P.Dac
La preuve peut être logique :
Pourquoi dispose-tu des passoires dans ton salon. ?
Pour chasser les éléphants
Mais il n'y a pas d'éléphants en Alsace !
ben tu vois, ça marche.
La preuve peut être statistique :
35 % des accidents sont provoqués par des conducteurs ivres.
Donc 65 % sont provoqués par des conducteurs n'ayant pas bu.
On prend moins de risques en conduisant bourré.
La preuve peut être culturelle, une référence littéraire ou philosophique :
Platon disait faire l'amour 10 fois par jour.
Dis le aussi.
Aucune preuve n'est absolue, aucun préjugé n'est raisonné.
La preuve et le préjugé sont incompatibles avec l'attitude philosophique , il n'y a pas le moindre doute.
( par Bernard)
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L'horoscope philosophique
BÉLIER (23Mars-19Avril)
Santé : Les béliers sont disciples d'Héraclite qui pensait que tout est mouvement et qu'on ne peut entrer deux fois dans le même fleuve. C'est pourquoi ils tournent souvent en rond et sentent mauvais. Attention à l'hygiène .
Amour : Comme Héraclite pensait qu'il n'y a pas de différence entre le haut et le bas, vous recherchez un ou une partenaire qui n'ouvre pas la bouche que pour parler philosophie. La solitude vous pèse.
TAUREAU (20Avril-20Mai)
Natifs du premier décan : Vous foncez parce que vous être trop bête pour faire quoi que ce soit d'autre. Vous ferez une rencontre importante entre le 15 et le 20 Juillet en pensant aux livres que vous aurez lu dans une librairie étant trop radins pour les acheter. Cette rencontre vous marquera. Le carrossier vous fera des prix.
GÉMEAUX (21 Mai -20 Juin)
Vous avez un esprit vif et pouvez rapidement vous adapter à toutes les situations. Ça signifie que vous êtes un sale parasite. Les Gémeaux gravitent souvent dans le milieu de la finance et des affaires où ils exploitent au mieux leurs dons pour l'escroquerie et la malhonnêteté.. Si vous êtes Gémeaux, les impôts ont certainement un dossier épais comme ça sur vous !
CANCER (21 Juin-22Juil.)
Vous êtes mou et vous êtes faible. Vous pensez que les gens vous aiment parce que vous êtes accommodant ou pour vos goûts artistiques, mais tout ce que les gens veulent, c'est vous rouler et prendre tout votre fric. Les Cancers sont des alcooliques chroniques et ne finissent jamais ce qu'ils ont commencé. Ils ne sont bons à rien.
LION (23Juil.-22Août)
Vous aimez à vous considérer comme un meneur, un leader naturel. Mais vous n'êtes arrivés là où vous êtes qu'en marchant sur les autres et en les roulant dans la boue. Vous êtes arrogant et vaniteux, et encore ce ne sont ici que vos qualités. Pour les défauts, je ne préfère pas en parler. La plupart des Lions finissent en prison ou bien ils sont assassinés par des ex-employés..
VIERGE (23Août-22Sept.)
Vous êtes méthodique et pratique. C'est pourquoi le monde entier vous hait. Vous avez la chaleur d'un boa mort et faire de la peine à votre entourage est votre pain quotidien. Les Vierges font d'excellent(e)s gardien(ne)s de prison..
BALANCE (23 Sep.-22 Oct.)
Vous adorez la vie d'artiste. Si vous êtes une femme, vous devez être une prostituée. Si vous êtes un homme, vous devez être proxénète. Les Balance ont autant de savoir-vivre qu'un gigolo et trimbalent autant de maladies vénériennes. La plupart des Balances finissent leur vie abandonnés de tous, sous les ponts.
SCORPION (23 Oct.-21 Nov.)
Vous excellez dans les affaires et vous vous délectez de la misère et de l'humiliation que vous pouvez infliger à ceux qui sont autour de vous... Vous n'avez aucune morale, aucun scrupule, mais si vous êtes comme ça, c'est uniquement par respect de vos ancêtres qui étaient tous des brigands ou des criminels. On trouve beaucoup de Scorpions parmi les escrocs et les transsexuels.
SAGITTAIRE (22 Nov.-21 Dec.)
Vous êtes un éternel optimiste, ce qui est une bonne chose pour tous ceux que vous croiserez et qui seront ravis de pouvoir vous rouler. Vous êtes le premier maillon de la chaîne alimentaire et semblez avoir été créés sur terre pour que les autres se foutent de vous. La plupart des rats de laboratoire sont des Sagittaires.
CAPRICORNE (22 Dec.-19 Jan.)
Vous êtes une petite crotte insignifiante qui meurt de peur qu'on la remarque. C'est pourquoi tout le monde vous ignore et vous traite comme si vous aviez le choléra. Dans toute l'histoire de l'humanité, il n'est jamais rien sorti de valable d'un Capricorne. D'ailleurs, on retrouve beaucoup de Capricornes dans les hôpitaux psychiatriques : c'est un signe !
VERSEAU (20Janv.-18Fév.)
C'est certainement parce que vous êtes un signe d'eau que vous sentez le poisson mort. Vous avez aussi l'habitude de vous gratter le derrière en public et de partir à la recherche de vos crottes de nez où que vous soyez, ce qui est une des raisons pour lesquelles vous avez du mal à garder vos amis. L'autre raison pour laquelle tout le monde vous délaisse, c'est parce que vous êtes un naze total.
POISSONS (19Févr.-20Mars)
Les gens pensent que votre réticence à prendre vos décisions rapidement est un signe d'intense réflexion. En fait, vous êtes un psychopathe paranoïaque qui manque totalement de confiance en soi. La plupart des poissons sont des bisexuels refoulés. Vous finirez probablement votre vie comme clochard professionnel.
Lettre du Père Noël
Mon cher Ami,
Je ne crois plus aux enfants. Je dirai même que les enfants, en fait, n'existent plus.
Bien entendu, les humains ont une progéniture, une descendance, des petits, des mouflets.
L'« enfance » est un phénomène de nature, la première période de la vie humaine, mais l'« enfant », tel que vous le concevez aujourd’hui, n'est lui qu'un phénomène de culture récent auquel je ne crois pas. L’enfance du petit d’homme était celle d’un être se développant entre les exigences naturelles de son état d’enfance, la confrontation à l’existence humaine, et les contraintes culturelles de sa société de naissance.
L’état d’enfance c’était un apprentissage, une éducation qui devait lui permettre de prendre la place qui lui était dévolue dans un ensemble, en se soumettant à l'autorité.
J’avais ma place dans ce monde de l’enfance, père universel de substitution, père bonhomme ou père fouettard, père sans enfants et sans parents, père non-géniteur, comme un Père adoptif de tous les enfants. Les psys disent de moi que je suis une figure non conflictuelle du père œdipien, et que la fin de la croyance au Père Noël coïncide avec la fin de la phase œdipienne du développement de la personnalité de l’enfance.
Or les instances éducatrices ont explosé. L’enfance est perçue maintenant, non comme l’apprentissage à l’appartenance à un groupe de référence, mais comme la préparation à une juxtaposition de légitimités individuelles. Le conflit a ripé de l’ordre social au registre du désir. Toute contrariété est vécue comme une injustice insupportable. L’absence de valeurs communes est patent, la parole de chacun ayant le même poids. Mais je n'y suis pour rien, et je ne reconnais pas ces chiards hurlant dans les supermarchés à s'en faire péter les cordes vocales parce que les parents n'ont pas déposé dans le chariot la boite colorée inutile qui passe à la télé. Voilà ce que vous avez fait de votre descendance en lui attribuant le statut 'd'enfants », c'est à dire d'adultes en miniature. (Tant dans les comportements que dans les vêtements).
Non, je ne crois plus aux enfants.
On a dit que j'étais un phénomène de laïcisation, que dans l'école laïque, dans les mairies, je remplaçais la crèche alors que les bœufs y accrochent encore le portrait de l'âne. Les chrétiens célèbrent à Noël la naissance de Jésus Christ qui, non seulement était fils de Dieu, ( encore un fils à papa !) mais aussi d'excellente famille du côté de sa mère. Ce Jésus est né dans une étable, parce qu’à l’époque, déjà, certains propriétaires refusaient de louer aux Juifs. Est-ce pour cela qu'il n'y a pas de crèches dans les mairies?
Pour commémorer cette naissance, certains mettent un petit Jésus dans la crèche, alors que d’autres préfèrent que ce soit le Père Noël qui entre dans la cheminée.
J'ai pu être perçu sous bien des formes, mais toujours je faisais des cadeaux, un don gratuit à l'enfance, alors que vous en avez fait une obligation, m'ôtant même le choix du cadeau pour le laisser à ces affreux moutards, dont l'appétit n'est jamais satisfait.
Mais si Noël a une histoire, cette fête conviviale fait, de nos jour, oublier le passé, ne s’occupe pas de l’avenir et ne s’intéresse qu’aux présents.
Le don correspond à un rituel dans les sociétés tribales.
Le cadeau, qui semble consenti et libre, est en réalité une contrainte sociale et definit un rapport proche de l’agression, qui exige, en réciprocité un contre-don. Je sert à éviter que chacun se sente en dette, à éviter la nuisance du potlatch, l’obligation de donner, celle de recevoir et celle de rendre encore plus.
Mais ces enfants là, n'ont plus ce problème.
On a dit que j'étais une création historique récente. Il y a toujours eu des fêtes où l’on faisait des cadeaux aux enfants. Mais l’économie des dons/contre-dons au sein de la famille apprend à l’enfant à avoir des demandes matérielles, a formuler ces demandes (la lettre au Père Noël) : bref, il est éduqué à désirer obtenir des biens matériels, et à les recevoir " magiquement " d'une " main invisible ".
Lorsqu’il reçoit ce qu’il a demandé, lorsqu’il est comblé, l’enfant ne se sent pas en dette d’un contre-don impossible à l’égard de ses parents. On a fait de moi l’opium des enfants, les aliénant à une appartenance à un âge de simili adultes, écartant tout apprentissage à la difficulté et au travail nécessaire à obtenir quelque chose. Non, je ne crois pas à ces « enfants ».
On a dit que j'étais un phénomène de paganisation, une fête moderne, inventée par les américains avec des caractères archaïques, alors que le prétexte païen à la réalisation d'un diner frugal de victuailles hypercaloriques et hyper glycémiques, se retrouve en fait quelques jours plus tard, au Nouvel An.
Mais ou est l'enfance dans tout ça?
La vérité, c'est que je suis utilisé comme prétexte à la sanctualisation de l'enfance, ce mouvement qui fait de la progéniture de l'homme, du fruit de l'homme, un « enfant », un être indépendant. Je sers à justifier le passage de la notion de progéniture à celle d'enfant, d'un état naturel, celui d' »infans », celui qui ne parle pas, au concept d' »enfant », auquel je ne crois pas.
Savez vous qui a officialisé ce mouvement?
Françoise Dolto : « Notre rôle de psychanalyste, n’est pas de désirer quelque chose pour quelqu’un mais d’être celui grâce auquel il peut advenir à son désir. ». Elle considérait que les enfants de un an disposent, à leur manière, d’une pleine intelligence des choses. Ce faisant, elle les sortait de leur statut social d’infans, étymologiquement celui qui n’a pas droit à la parole, pour le définir comme un être de langage, avant même qu’il ne sache parler. Mais dés lors qu'il sait hurler.
Pour officialiser ce changement de statut, c'est elle qui a mis en place, avec la Poste, la fameuse lettre au Père Noël...
On a dit que j'étais un mensonge social par la question de l’origine des cadeaux de Noël.. D’abord Noël arrive toujours quand les magasins sont bondés, et les commerçants auraient été bien plus inspirés de choisir une autre date. Fixer la date au mois de Juillet aurait aussi permis que j'évolue enfin dans des cheminées éteintes. Sans parler de la température extérieure : Noël au balcon, enrhumé comme un con.
Les adultes mentent sur mon existence (mensonge primaire) puis sur toutes les conséquences logiques de ce mensonge (mensonges secondaires), telles que les caractéristiques de mon personnage, les éventuelles contradictions avec la réalité (par exemple : absence d’une cheminée dans l’appartement).Or tout mensonge est immoral selon Kant : le fondement de toute morale repose sur l’impératif catégorique selon lequel chacun doit agir uniquement d’après une maxime dont il peut en même temps vouloir qu’elle devienne une loi universelle. On ne peut pas mentir sans accepter que l’on nous mente en retour,. Abuser de la crédulité de l’enfant est toujours immoral : personne ne devrait jamais se le permettre.
Mais l'enfant aussi est un mensonge social. Abuser de la crédulité des adultes également : s'ils ne croient plus au père Noël, néanmoins, ils votent.
- On a dit que je représentais la laïcisation d'une fête chrétienne, alors que j’existais, sous des aspects divers, bien avant la naissance, comme dit Desproges, du »célèbre illusionniste palestinien ».
Or j’incarne un principe de plaisir magique plus puissant que le principe de réalité. Dans un quotidien structuré et banal j’ai toujours apporté une dimension magique dans un monde de plus en plus désenchanté
Dans une société traditionnelle baignant dans l’enchantement du monde, où les dieux et les esprits se devinent derrière chaque objet, je n’étais que l’une des figures de la magie qui baigne toutes choses.
Figure mythologique forte, médiateur entre la terre et les cieux, avatar de dieu, un Hermès dont la hotte est une corne d’abondance je permettais d’apercevoir la munificence d’un paradis comblant tous les désirs…
La laïcité interdit-elle le rêve ? Ou ne l'interdit-elle qu'a l'enfance qui se doit d'être raisonnable?
Alors les parents restent très attachés à moi : dans le bonheur de leurs enfants, ils retrouvent le leur, celui d’une croyance, d'un fantasme archaïque, en un lieu et un temps qui satisfait tout, d’un parent qui comble à jamais le manque et éteint tout désir.
Je suis le seul lien entre l'enfant rationnel créé par nos sociétés et le monde magique de l'enfance ou tout ce qui se produit est nouveau, un miracle, sans cause logique. Les adultes ont besoin de moi pour maintenir le lien de leur enfant avec l'enfance. Plus l'enfant sera considéré comme une entité sensée et indépendante, plus les adultes auront besoin de moi. Mais pas les enfants. Je crois en les adultes, je ne crois plus aux enfants.
Une petite histoire mignonne, pour terminer :
Nous sommes le matin du 26 décembre.
Cette année, le Père Noël a vraiment eu tous les problèmes :
Son habit rouge s'est déchiré des les premières cheminées, il s'est chopé une crise de foie en mangeant toutes les friandises que les enfants avaient laissé pour lui au bord de la cheminée, il a aussi la gueule de bois à cause de tout l'Aquavit qu'il s'est tapé pour se réchauffer en plus, deux de ses cerfs ont attrapé la fièvre aphteuse...
Alors ce matin, il est en train de chercher de l'aspirine dans sa pharmacie, lorsque apparaît un éclair de lumière dans le ciel, et ce moment, des trompettes retentissent :
C'est un ange rayonnant de lumière qui arrive, flottant dans l'air avec ses petites ailes blanches. Il dit :
- Père Noël, Père Noël, je t'ai apporte un arbre de Noël magique pour le prochain Noël ! Où je le mets ?
Et c'est pourquoi, lorsque vient le jour de Noël, vous pouvez voir un ange au sommet de tous les sapins
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De la compatibilité de l’égalité et de la différence
Compatibilité : qui peuvent s’accorder ensemble.
Quelle différence il y a entre une pomme ?
Différence : Relation d’altérité entre des choses qui sont identiques à un autre égard.
Différence et non-différence supposent la pluralité, soit dans l'espace (deux pommes) soit au moins dans le temps .C est qu elle suppose l'altérité : nul, au présent, n'est différent de ce qu'il est :on n est différent que d'un autre, ou de soi à un autre moment. Que nous soyons multiples, contradictoires, ambivalents, n'y change rien. Mais si elle suppose l'altérité, la différence ne s'y réduit pas. Aristote : « Différent se dit de choses qui, tout en étant autres, ont quelque identité, non pas selon le nombre, mais selon l'espèce, ou le genre ou par analogie » (Métaphysique, A, 9). Il n'y a pas de différence entre une pomme. Mais guère davantage entre une pomme et une machine à laver (sauf à les ranger dans un genre commun : ce sont deux choses différentes). En revanche, il peut y avoir des différences, entre deux pommes, entre une pomme et une poire. La différence suppose la comparaison, et n'a de pertinence que dans la mesure où la comparaison elle-même en a. . Dire que deux choses sont incomparables, cela suppose qu on les compare .Ainsi tout est différent de tout, sauf de soi. Tout est différent toujours , et tout change toujours.
ÉGALITÉ Deux êtres sont égaux lorsqu'ils sont de même grandeur ou possèdent la même quantité de quelque chose. La notion n'a donc de sens que relatif: elle suppose une grandeur de référence. On parlera par exemple de l'égalité de deux distances, de deux poids, de deux fortunes, de deux intelligences... Mais une distance n'est pas égale à un poids, ni une fortune à une intelligence. Une égalité absolue ? Ce serait une identité, et nul ne serait l'égal, en ce sens, que de soi. Prise absolument, la notion perd son sens ou devient autre. On ne peut lui être absolument fidèle qu'à la condition d'accepter qu'elle soit relative.
Les hommes sont-ils égaux ? Tout dépend de quoi l'on parle : question de fait, ou question de droit ? En fait, c'est bien sûr l'inégalité qui est la règle : les hommes ne sont ni aussi forts, ni aussi intelligents, ni aussi généreux les uns que les autres. : les êtres humains, à les considérer comme individus, sont manifeste ment inégaux.
EGALITE-DIFFERENCE :
- Pourquoi la psychanalyse des hommes est-elle plus rapide que celle des femmes?
Pas besoin de régresser en enfance, ils n'en sont jamais sortis.
- Pourquoi faut-il des millions de spermatozoïdes pour fertiliser un seul ovule ?
Parce que les spermatozoïdes sont masculins et refusent de demander leur chemin.
- Pourquoi les femmes choisissent-elles toujours des mecs grossiers et immatures qui passent leur temps à boire de la bière devant des matchs de foot? Elles ne choisissent pas ; il n'y en a pas d'autres.
- Pourquoi les femmes ne clignent-elles pas des yeux pendant les préliminaires ? Elles n’en ont pas le temps…
- Quelle est la différence entre un homme et un cochon ?
Si, si, il y en a une ! Les cochons ne se conduisent pas comme des hommes quand ils sont bourrés…
- Qu'est-ce que qu'une soirée romantique pour un homme ? Un stade de foot illuminé aux chandelles.
- Quelle est la ressemblance entre un mari et une tondeuse à gazon?
Ils démarrent difficilement, émettent des odeurs nauséabondes et sont en panne la moitié du temps.
- Comment appelle-t-on un homme intelligent, sensible et beau ? une rumeur.
- Les hommes sont la preuve que la réincarnation existe......On ne peut pas devenir aussi con en une seule vie.
- Comment savoir si votre mari est mort ? Vous avez accès à la télécommande...
- Quelle est la différence entre un homme et le cancer? Le cancer, lui, évolue.
- Qu'est ce qu'un homme et un chien ont un commun? Ils ne pensent qu'a jouer avec leur queue.
- Quelle est la différence entre une balle de golf et le point G ? Un homme passera deux heures à chercher sa balle de golf…
- Quelle est la différence entre un homme et une tasse de café? Y'en a pas, les 2 tapent sur les nerfs.
- Quelle est la différence entre un homme et une tempête de neige?
Aucune. On ne sait jamais combien de centimètres il va y avoir et combien de temps ça va durer.
- Quelle est la différence entre les hommes et les places de parking?
Les bons sont toujours pris et ceux qui restent sont pour les handicapés.
- Quel est le point commun entre un homme et une balançoire ? Au début c'est amusant, ensuite ça donne la nausée.
- Quand un homme perd-il 90% de son intelligence ?Quand il devient veuf
- Et les 10% restants ? Quand son chien meurt
- Pourquoi un homme ne peut pas être beau et intelligent à la fois ?Parce qu'alors ce serait une femme !
- Pourquoi Dieu a t il créé d'abord l'homme puis la femme ?
Parce qu'on pratique d'abord les expériences sur les rats, puis sur les humains
- Pourquoi les hommes ont-ils la conscience tranquille ? Parce qu'ils ne l'ont jamais utilisée...
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