PHILOUSOPHE
Présentation du livre de Luca.
Il ne s’agit aucunement d’une biographie de l’auteur, mais d’un ensemble de réflexions sur la musique et la direction d’orchestre, qui se fondent sur les expériences cumulées pendant sa vie de musicien.
Son regard aigu, sa capacité d’analyse, mais aussi l’ampleur et la singularité des événements auxquels il a participé tout au long de sa vie sont un enrichissement fécond pour tout mélomane voulant élargir et approfondir sa vision de la musique et de la direction d’orchestre en particulier. Cette activité recèle en effet – en dépit de son caractère éminemment visuel – des aspects méconnus et des exigences surprenantes.
Ces entretiens nous révèlent de nombreuses anecdotes, souvent inédites. Parfois réjouissantes, parfois déconcertantes, elles concernent d’éminentes personnalités de la vie musicale du XXe siècle : des compositeurs, des solistes et des chefs d’orchestre, dont elles dévoilent au lecteur les trajectoires et les visions.
Le texte provient de la transcription d’une suite d’entretiens, ce qui lui confère un ton vif et alerte. Il ne s’agit aucunement d’une biographie de l’auteur, mais d’un ensemble de réflexions sur la musique et la direction d’orchestre, qui se fondent sur les expériences cumulées pendant sa vie de musicien.
Ces entretiens nous révèlent de nombreuses anecdotes, souvent inédites. Parfois réjouissantes, parfois déconcertantes, elles concernent d’éminentes personnalités de la vie musicale du XXe siècle : des compositeurs, des solistes et des chefs d’orchestre, dont elles dévoilent au lecteur les trajectoires et les visions.
Pour aller plus loin :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Luca_Pfaff
https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=292303545840190
Et aussi un article des D.N.A.:
Luca Pfaff, une odyssée de la musique en mémoire * Par Serge HARTMANN dans les DNA
Il a dirigé dix ans l’orchestre symphonique de Mulhouse, a tissé une carrière internationale, s’est installé depuis à Strasbourg et répond encore, à 76 ans, à des sollicitations en tant que chef invité : Luca Pfaff s’est soumis à l’exercice du livre d’entretiens. Il y éclaire un demi-siècle d’histoire de la musique.
Il devait retourner en Italie pour y diriger deux opéras mais le Covid en a décidé autrement. « C’est comme cela… », soupire-t-il, levant un sourcil fataliste. Même si l’un des deux contrats portait sur une œuvre qui lui est particulièrement chère : Prova d’orchestra. Elle dépasse de loin la dimension de l’anecdote personnelle pour relier l’histoire du cinéma à celle de la musique, le réalisateur Federico Fellini au compositeur Giorgio Battistelli.
Au départ, en 1976, une grève de musiciens perturbe l’enregistrement de la bande-son du film Casanova , réalisé par Fellini sur une musique de Nino Rota. À la tête de l’orchestre, un jeune chef suisse de 26 ans : Luca Pfaff. « J’avais été appelé pour remplacer au pied levé le chef choisi par la production qui était tombé malade. Il fallait diriger les musiciens avec un écran sur lequel défilaient les images afin d’assurer la synchronisation du film et de la musique », se souvient Luca Pfaff. Et c’est là, au troisième jour de travail, que la venue d’une équipe de télévision provoque la confusion.
C’est la lutte finale…
Un percussionniste, représentant syndical de l’orchestre, interrompt la séance au motif que les musiciens ont droit à un supplément de 30 % puisqu’il y a une captation de la télévision. « Il s’agissait juste de filmer quelques plans de Fellini et Nino Rota assistant à la séance d’enregistrement pour un reportage, mais ça n’a pas calmé le syndicaliste et plusieurs de ses collègues qui le soutenaient. Il a fallu tout interrompre le temps que l’administration calme le jeu », poursuit Luca Pfaff. Qui entendra Fellini bougonner qu’une situation aussi absurde aurait de quoi inspirer un film…
Cela donnera Prova d’orchestra , sorti sur les écrans en 1978. De son côté, Luca Pfaff n’en avait pas fini non plus avec cette histoire. En 1993, Laurent Spielmann, directeur de l’Opéra du Rhin, au courant de cette anecdote, passe commande à Giorgio Battistelli d’un opéra homonyme qui la revisite. Avec bien sûr Luca Pfaff, devenu entre-temps le chef de l’Orchestre symphonique de Mulhouse, pour en diriger la création. « On aurait aimé confier la mise en scène à Fellini, mais il avait décliné la proposition, et de toute façon il est mort peu après. En allant négocier les droits à Rome, j’ai rencontré sa femme, Giulietta Masina, qui m’a dit qu’il avait été flatté par ce projet d’opéra ».
À écouter Luca Pfaff évoquer son parcours, on comprend pourquoi ses enfants le poussaient à écrire un jour ses mémoires. Mais le déclic ne s’est jamais fait. Jusqu’à ce qu’un jour le chef soit entrepris par deux fondus de musique, Jean-Charles Golomb et Jean-Michel Douiller. « L’idée première était d’effectuer des entretiens enregistrés, juste pour échanger autour de la musique, du rôle du chef d’orchestre aujourd’hui, de ma longue expérience… Il y avait beaucoup de curiosité de leur part », indique Luca Pfaff.
Les échanges furent si riches que les protagonistes finirent par penser qu’il y avait largement de quoi publier ce fameux livre que lui réclamaient ses proches. Ainsi vient de paraître, aux éditions Delatour, Un chef d’orchestre entre deux siècles. Et on s’en réjouit. Le propos de celui qui dirigea l’Orchestre symphonique de Mulhouse de 1986 à 1996, y quadruplant le nombre des abonnés, n’est pas biographique, même si des éléments de son parcours apparaissent çà et là.
Quand deux écoles s’affrontent...
Ce qui fait l’intérêt premier de ces échanges, c’est l’éclairage qu’ils apportent sur l’évolution du monde de la musique, y compris de son modèle économique de plus en plus contraint. « Les chefs, hormis les stars, ont des cachets qui représentent le tiers de ce que l’on touchait à mon époque, ce qui les oblige pour améliorer leur ordinaire à enseigner », observe Luca Pfaff, qui dans le même temps souligne la qualité croissante des musiciens.
« Quand j’étais à Mulhouse, j’ai pu constater la différence de niveau entre ceux qui partaient à la retraite et ceux qui les remplaçaient. Tout se joue sur la formation, les techniques d’enseignement et la qualité des professeurs qui se sont considérablement améliorées », dit-il. De quoi considérer, selon lui, que les meilleurs orchestres de province n’ont plus grand-chose à envier à ceux qui s’imposaient internationalement dans les années 50.
Le livre met aussi en lumière une génération de chefs et de musiciens que séparaient dans leur jeunesse deux conceptions de l’interprétation, incarnées l’une par Toscanini, l’autre par Furtwängler. « Le premier était au service de l’œuvre, de sa compréhension, le second en livrait une réinterprétation romantique. J’étais pour Toscanini, d’autant que Furtwängler était assimilé au chef qui avait joué pour Hitler. Le reproche était injuste puisqu’il n’était en rien proche de l’idéologie national-socialiste… ».
On croise aussi des figures fortes comme Karl Böhm, que le jeune Luca Pfaff allait écouter à Vienne, et surtout Franco Ferrara et Hans Swarowsky qui ont fortement marqué son approche de la musique. « Pas que la mienne d’ailleurs, celle de Claudio Abbado ou Zubin Mehta aussi, réagit-il. Ferrara, c’était l’instinct, Zwarowsky quelque chose de plus structuré, de plus architectural… ».
L’architecture, justement, intervient spontanément quand on lui demande pourquoi il s’est installé à Strasbourg plutôt qu’en Italie dont on comprend, à la lecture du livre, qu’elle est lui est très chère. « À cause de la cathédrale ! », s’exclame-t-il. Ajoutant : « Elle est magnifique ! ». On lui rétorque que celle de Milan n’est pas mal non plus. « Oui, mais elle n’est pas rouge », lâche-t-il dans un éclat de rire. Et puis, une dernière confidence : « J’avais rêvé de m’établir en Toscane. Mais il y a des rêves qu’il ne faut pas réaliser pour mieux les garder en soi… ».
Un chef d’orchestre entre deux siècles - Luca Pfaff, chez Delatour, 284 pages, 20 €.
